La classe politique québécoise a poussé mardi un soupir de soulagement au lendemain de la démission du maire de Montréal, Gérald Tremblay.

À l'entrée d'une réunion du caucus de ses députés à l'Assemblée nationale, la première ministre Pauline Marois a «salué» la «sage décision» du maire Tremblay.

Elle a ajouté qu'elle souhaitait que le maire démissionnaire puisse aussi défendre son intégrité en livrant sa version des événements.

«Je souhaite qu'il ait la possibilité de se défendre parce que je crois que c'est son intégrité qui est en cause et il mérite comme n'importe quel citoyen d'être considéré d'abord comme innocent tant que rien n'a été prouvé quant à sa culpabilité», a-t-elle dit.

La première ministre a eu un entretien avec M. Tremblay samedi dernier pour faire le point sur la situation préoccupante à l'hôtel de ville, alors que les pressions se multipliaient sur le maire pour qu'il tire sa révérence.

Mme Marois n'a pas voulu révéler la teneur de leurs échanges.

Cible d'attaques constantes mettant en doute son intégrité, le maire Tremblay était plongé dans une situation intenable, a affirmé de son côté le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault.

«Dans les circonstances, il s'agit d'une décision qui est sage, qui est responsable», a-t-il dit en point de presse aux côtés du ministre responsable de la métropole, Jean-François Lisée.

Ce dernier semblait libéré, avec le départ de M. Tremblay, d'un poids qui commençait à peser lourd sur le gouvernement.

«Il est important pour nous de saluer sa décision qui va bien au-delà de son intérêt personnel. Institutionnellement, il aurait pu s'accrocher, il aurait pu prolonger la difficulté que nous vivons tous», a-t-il souligné.

M. Lisée a dit néanmoins trouver «triste» qu'une vie politique «mise au service des Québécois» se termine de cette façon.

Pour la suite des choses, le gouvernement «va accompagner Montréal et son administration de transition» pour que les grands projets en cours puissent se poursuivre «au-delà des divergences politiques», a assuré le ministre Gaudreault.

Malgré le vide créé à l'hôtel de ville, il n'est pas question pour Québec de décréter une élection partielle pour trouver rapidement un successeur à M. Tremblay. L'élection municipale aura lieu comme prévu en novembre 2013.

«S'il y avait une élection rapide, tout le débat ne tiendrait que sur la question essentielle de l'intégrité alors qu'avec le processus institutionnel existant, il y aura du temps pour de nouveaux candidats, de nouveaux programmes, de vrais débats pour l'avenir de Montréal», a dit M. Lisée.

En dépit des témoignages incriminants d'anciens collaborateurs du maire entendus à la Commission Charbonneau, le ministre Lisée laisse à M. Tremblay le bénéfice du doute. Éventuellement, la Commission lui permettra d'exposer sa version de faits, a-t-il dit.

«J'ai hâte qu'il ait la possibilité de le faire. Et ensuite ce seront aux enquêteurs, et s'il y a des accusations devant les tribunaux, de poser un jugement», a déclaré M. Lisée.

Quant à lui, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a réclamé la nomination d'un observateur ou d'un inspecteur pour chaperonner le prochain magistrat intérimaire.

À son avis, le gouvernement se montre «trop passif» en laissant les coudées franches d'ici la prochaine élection aux élus du parti de M. Tremblay, Union Montréal, une formation entachée par des allégations de financement illégal.

«J'ai des doutes puis je pense que les citoyens ont des doutes et je pense qu'on ne peut pas, comme le fait M. Gaudreault, donner toute notre confiance envers la prochaine personne d'Union Montréal qui sera nommée», a argué M. Legault, suspicieux.

Dans son allocution, lundi, M. Tremblay a par ailleurs nié avoir été informé par Jacques Duchesneau, le 2 juillet 2009, de la présence de quatre personnages douteux dans son entourage. Il a reproché à M. Duchesneau, sans le nommer directement, d'avoir un «agenda caché».

Député caquiste de Saint-Jérôme, l'ancien policier a tenu à servir la réplique devant les journalistes.

«À ce moment-là, je ne faisais pas enquête sur rien, je lui ai rapporté ce qui était véhiculé à Montréal. (...) Je n'ai pas d'agenda caché et je ne retire rien, ni une ligne, ni un mot de ce que j'ai dit le 2 juillet (2009)», a lancé M. Duchesneau.

En rentrant dans ses terres, M. Tremblay a «posé le geste qui devait être posé» a estimé, pour sa part, le chef de l'opposition officielle, Jean-Marc Fournier.

Le leader libéral par intérim a invité du même souffle le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, actuellement au repos, à s'inspirer de la décision de son homologue montréalais.

Pour le reste, le Parti libéral va collaborer avec le gouvernement pour faire en sorte que la ville de Montréal ne se retrouve pas «paralysée», a-t-il dit.

«Tout geste que le gouvernement va identifier comme étant propice à ce que Montréal soit en mouvement et en développement, on va le supporter», a commenté M. Fournier.