Jugé faible sur le plan économique, le discours inaugural de la première ministre Pauline Marois n'a rien fait pour calmer les angoisses des entrepreneurs, selon Philippe Couillard.

Au contraire, plusieurs d'entre eux lui ont confié songer à quitter le Québec, tandis que d'autres envisagent de retarder ou carrément annuler des investissements prévus, assure l'ex-ministre de la Santé et candidat au leadership du Parti libéral du Québec.

Au lieu de se faire rassurant pour le milieu des affaires, le volet économique du discours inaugural prononcé mercredi a plutôt jeté de l'huile sur le feu dans la communauté des affaires, selon lui, entretenant l'incertitude et l'inquiétude quant au développement économique du Québec.

Cette situation, qui s'ajoute à un contexte économique déjà fragile, ne fait que confirmer, à ses yeux, à quel point le gouvernement péquiste «n'a aucune proximité avec les chefs d'entreprise», des gens «qui détestent l'incertitude», a-t-il commenté en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne, vendredi. Il estime que le gouvernement actuel fait la démonstration qu'il «ne comprend pas la dynamique des entreprises, comment fonctionne le monde des affaires».

Ses propos semblent faire écho à ceux tenus il y a un mois par le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, et le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec, Alain Kirouac, qui soutenaient eux aussi, lors d'entrevues à La Presse Canadienne, qu'à la suite de l'élection du Parti québécois des chefs d'entreprise disaient chercher des façons de transférer leur entreprise dans une autre province.

Chose certaine, compte tenu des orientations défendues par le gouvernement Marois sur le plan économique, «il y a des investissements qui ne se feront pas» au Québec, selon lui.

Il pense notamment au secteur minier, dans le Grand Nord, alors que le gouvernement s'est engagé à hausser les redevances imposées aux minières, désormais tentées de regarder ailleurs.

Loi 101

M. Couillard ne s'est pas montré davantage impressionné par les autres volets du discours inaugural, qui constitue la feuille de route du gouvernement des deux prochaines années.

Il note que dans le secteur de la santé, Québec agira en continuité avec les réformes entreprises par le gouvernement précédent, avec l'accroissement des médecins de famille par exemple.

Par contre, il s'est montré inquiet de voir le gouvernement afficher son intention, même s'il est minoritaire, de renforcer la loi 101.

Selon lui, telle quelle «la loi 101 fonctionne» bien et, en intervenant en ce domaine, le gouvernement ne cherche qu'à «élever le niveau d'inquiétude de la population» par rapport à la situation linguistique. Il juge notamment inacceptable que le Parti québécois se soit engagé à étendre l'application de la loi 101 au cégep, obligeant ainsi les francophones et les allophones à fréquenter le secteur collégial en français. Cependant, cette proposition controversée n'apparaît pas comme telle dans le discours inaugural, et la ministre responsable, Diane De Courcy, n'a pas encore ouvert son jeu pour dire si cela allait être inclus ou non dans son projet de loi attendu d'ici décembre.

Tout cela fait dire à M. Couillard que le statut minoritaire du gouvernement Marois ne fait pas encore «partie de son ADN». Il espère que le gouvernement ne va pas tarder à s'asseoir avec les partis d'opposition «pour dégager des pistes d'atterrissage» sur les politiques à venir et les projets de loi à déposer.