Les libéraux brandissent la menace d'une décote du Québec. La cote de crédit du Québec pourrait être révisée à la baisse à cause du gouvernement péquiste, disent-ils.

«En septembre 2011 Standard & Poor's déclarait, et je cite: Nous nous attendons à ce que la province maintienne son engagement à réduire la dette via son engagement au Fonds des générations. Le problème, c'est que le Parti québécois (PQ) a pris l'engagement électoral d'abolir le Fonds des générations. Et hier, dans le discours inaugural, la première ministre n'a pasindiqué qu'elle allait reculer sur cette idée. Cela peut inquiéter nos prêteurs», a déclaré le chef intérimaire du Parti libéral (PLQ), Jean-Marc Fournier.

«Après l'angoisse fiscale, est-ce qu'elle va nous faire vivre l'angoisse de la décote», s'est-il demandé.

Pauline Marois répond qu'elle maintient les cibles du précédent gouvernement: déficit de 1,5 milliard cette année, équilibre budgétaire en 2013-14 et diminution de la dette, qui passera de 55% à 45% du PIB d'ici 2025.

«Si le nouveau gouvernement maintient le cap face à ces objectifs, les agences de crédit devraient rester zen», estime le fiscaliste Luc Godbout, qui enseigne à l'Université Sherbrooke.

Mais les libéraux croient que les moyens choisis par Mme Marois ne lui permettront d'atteindre ses objectifs.

Ils critiquent le gel du bloc patrimonial d'électricité. Le gouvernement libéral promettait de dégeler les tarifs de 2014 à 2018. La hausse aurait correspondu en moyenne à 377 dollars par année pour une famille. On calculait dégager ainsi à terme 1,6 milliard par année pourréduire la dette.

Les libéraux critiquent aussi l'abolition du Fonds des générations. Ce fonds permet de placer de l'argent qui servira exclusivement à rembourser la dette. Mme Marois veut le vider. Les 5,5 milliards qu'il contient servirait à diminuer la dette.

«L'effet de ce versement serait seulement comptable, explique M. Godbout, car la dette brute correspond à la dette moins le fonds des générations

En vidant le fonds, on réduirait cependant les intérêts à payer, poursuit M, Godbout. Ces économies correspondraient à 250 millions la première année (avec un taux d'intérêt de 4,55%), espère le Parti québécois.

Par contre, Mme Marois se privera des rendements potentiels du fonds, qui est géré par la Caisse de dépôt.

Mme Marois veut en outre hausser les redevances minières. Elle utilisera la moitié de ces revenus pour rembourser la dette.

Durant la dernière campagne électorale, M. Godbout avait estimé à 6,87 milliards les sommes consacrées au remboursement possible de la dette avec le cadre financier du PQ. Comparativement à plus de 10 milliards versés au Fonds des générations avec l'ancien plan du gouvernement libéral.

Mme Marois a rappelé que la dette a augmenté sous le gouvernement Charest. Et c'était en partie justifié selon elle. «Si cette dette a augmenté d'autant, c'est parce qu'on a beaucoup investi dans les infrastructures. Dans certains cas, c'était tout à fait raisonnable et normal qu'on le fasse. Cependant, on constate que le coût des infrastructures, dans certains cas, a atteint des dépassements de l'ordre de 80%. Alors, une des façons de nous assurer que nous puissions contrôler la progression de notre dette, c'est d'agir, entre autres, sur le rythme d'investissement dans les infrastructures, ce que nous ferons», a-t-elle affirmé.

Sous le gouvernement Charest, la cote de crédit du Québec était la pire des provinces canadiennes.

Depuis son élection, le gouvernement péquiste a procédé à cinq émissions d'obligations. «Et elles se sont réalisées à des conditions tout à fait favorables, a dit le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Les écarts entre les taux auxquels nous empruntons et ceux nos voisins (...) sont tout à fait dans la tendance historique. Il n'y a eu aucun changement quant à la confiance, et je peux vous dire quelque chose: dans le futur, la confiance va s'améliorer.»