L'Assemblée nationale reprendra ses travaux le mardi 30 octobre, soit deux semaines plus tard que prévu.

Le lendemain 31, la première ministre Pauline Marois prononcera son discours inaugural, dans lequel elle circonscrira les priorités de son gouvernement pour la première session de la 40e législature.

À l'issue de la rencontre hebdomadaire du conseil des ministres, le leader du gouvernement, Stéphane Bédard, a précisé mercredi l'horaire des travaux parlementaires, qui devaient reprendre normalement le 16 octobre. Mais durant cette semaine-là, la première ministre doit se rendre d'abord au Sommet de la Francophonie, à Kinshasa, dans la République démocratique du Congo, puis à Paris.

«L'Assemblée sera rappelée le 30 octobre», a confirmé M. Bédard en point de presse.

Comme les travaux se termineront vers la mi-décembre, le gouvernement minoritaire de Mme Marois aura donc bien peu de temps à sa disposition pour déposer et étudier les nombreux projets de loi qu'il s'est engagé à présenter avant l'ajournement des Fêtes.

Tout indique que le député libéral de Westmount - Saint-Louis, Jacques Chagnon, demeurera président de l'Assemblée nationale, et sera donc réélu le 30 octobre dans ses fonctions, et ce, même si le gouvernement a changé d'allégeance. Minoritaires, avec seulement 54 députés sur 125, les péquistes ont donc jugé qu'ils ne pouvaient se permettre de voir un des leurs accéder au trône du président, qui lui ne peut pas voter. Du même coup, ils privent aussi d'un vote l'opposition officielle, formée de 50 députés libéraux. Mais en même temps, ils font une fleur aux libéraux, le poste de président étant très prestigieux.

De sa propre initiative, cependant, n'importe quel député peut poser sa candidature et M. Chagnon pourrait, théoriquement, avoir de la concurrence. Les députés procèdent par vote secret pour élire leur président.

Durant la précédente législature, Jacques Chagnon, reconnu pour son impartialité, s'est gagné le respect des deux côtés de la Chambre.

«Il a été un président de très grande qualité, pour qui j'ai un profond respect», a indiqué Stéphane Bédard, qui a été leader parlementaire de l'opposition officielle avant d'accéder à la fonction de leader du gouvernement.

Ses propos laissent croire que le gouvernement a renoncé à imposer son propre candidat car il a mis tout son poids pour donner publiquement son appui à M. Chagnon, «une candidature très valable».

Officiellement, toutefois, le gouvernement n'a pas lancé de mot d'ordre aux députés dans le sens de s'abstenir de tenter leur chance.

Déjà, la première ministre Marois avait annoncé ses couleurs en nommant ministre François Gendron, qui aurait été tout désigné pour succéder à M. Chagnon, ayant lui-même déjà exercé les fonctions de président et de vice-président.

La deuxième opposition, formée par les 19 députés de la Coalition avenir Québec (CAQ), ne bloquera pas, elle non plus, la réélection de M. Chagnon.

«M. Chagnon a été un excellent président», a dit le leader parlementaire de la CAQ, Gérard Deltell, en jugeant qu'il avait «assumé dignement ses fonctions» dans le passé.

Ce ne sera pas la première fois qu'un député de l'opposition préside les travaux de l'Assemblée. Brièvement, d'octobre à novembre 2008, alors que les libéraux étaient au pouvoir, mais minoritaires, le péquiste d'Abitibi-Ouest François Gendron avait été élu à la présidence, grâce à l'union des péquistes et des députés adéquistes.

Furieux de voir son candidat, Yvon Vallières, évincé, le premier ministre Jean Charest avait fait une brèche à la tradition parlementaire britannique en refusant d'escorter le président jusqu'au trône.

Khadir et David assermentés

Pendant ce temps, deux autres députés de l'opposition élus le 4 septembre ont été assermentés mercredi.

Comme pour les péquistes avant eux, le drapeau du Canada avait été retiré du Salon rouge de l'Assemblée nationale à l'occasion de la cérémonie de prestation de serment des deux députés de Québec solidaire, Amir Khadir (Mercier) et Françoise David (Gouin).

Seul le fleurdelisé était présent dans l'ancienne chambre du Conseil législatif lorsque les deux porte-parole de la formation souverainiste de gauche ont prononcé les deux serments d'usage.

Avant d'exprimer son allégeance à la reine Elizabeth II et sa loyauté au peuple du Québec, M. Khadir en a profité pour exprimer ses positions anti-monarchiques. «La tâche m'a été confiée de rappeler les convictions républicaines de Québec solidaire et notre rejet de la monarchie», a-t-il dit, tout en respectant la tradition, d'ici à ce que «la république indépendante du Québec soit déclarée».