Un bras de fer se prépare entre le gouvernement Marois et l'opposition libérale au sujet de l'abolition de la taxe santé. Pour financer cette mesure, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, espère arriver à un compromis avec l'opposition. Un accord nécessaire puisque le gouvernement est minoritaire.

Impôts rétroactifs: Nicolas Marceau cherche un compromis

Mais ce ne sera pas facile. Cette solution doit venir d'ici à la semaine prochaine, exige le chef intérimaire du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, qui serait disposé à rendre la taxe santé plus «progressive» au lieu de l'abolir.

Il demande d'abord à M. Marceau de «reconnaître» que la taxe santé adoptée par le gouvernement Charest n'est pas une mesure régressive. «S'ils veulent un gouvernement de cohabitation, ils doivent d'abord commencer par appeler un chat un chat, a-t-il lancé. Si on discute du degré de progressivité, on va commencer à parler de façon plus sérieuse.»

M. Fournier demande ensuite au ministre de financer par des «mesures budgétaires», et non «fiscales», les modifications à la taxe. En clair, il veut que le gouvernement réduise ses dépenses au lieu de puiser dans les poches des plus fortunés.

Ce matin, M. Marceau a dit qu'il pourrait renoncer à la rétroactivité de deux mesures: la hausse du gain en capital (de 50% à 75%) et la baisse de moitié du crédit d'impôt sur les dividendes. Il promet malgré tout l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

M. Fournier n'a pas manifesté d'ouverture particulière pour ces deux solutions.

Près de 5 millions de Québécois ont dû payer l'an dernier la taxe santé - ou «contribution santé», comme l'appellent les libéraux -, qui s'élève à 200$. C'est une somme fixe qui n'est pas modulée en fonction du revenu. Elle n'est donc pas progressive comme l'impôt sur le revenumais elle est compensée notamment par le crédit d'impôt solidarité. Ainsi, 1,1 million de Québécois ne l'ont pas payée l'année dernière, et 1,5 million en ont seulement payé une partie.

«Angoisse fiscale»

M. Marceau voulait modifier rétroactivement l'impôt pour financer l'abolition de la taxe en 2012. Cela a généré de «l'angoisse fiscale», s'inquiète M. Fournier.

Selon lui, on «taxe l'épargne» et on «taxe l'investissement». Cela nuira au taux d'emploi et repoussera les investisseurs. «C'est plus un plan de développement économique de l'Ontario que du Québec», a-t-il lancé, cinglant.

Il accuse Mme Marois de «ne pas avoir dit la vérité» en omettant de préciser que les changements à l'opposition seraient rétroactifs.