Les candidats à la succession de Jean Charest devront se résigner à une bien drôle de campagne au cours des premières semaines: ils ne pourront amasser ou dépenser un cent avant le conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ), prévu le 20 octobre.

Mais les consultations faites par le PLQ auprès des candidats potentiels donnent une réponse unanime: Philippe Couillard, Raymond Bachand et Pierre Moreau souhaitent une course plutôt brève, qui se terminerait en février, à temps pour le prochain budget du gouvernement Marois. Les députés seront en effet de retour au travail à l'Assemblée nationale le 12 février, après les vacances des Fêtes.

Selon les informations obtenues hier par La Presse, la proposition de dimanche de la commission juridique du parti était de limiter à 500 000$ les dépenses de chaque candidat durant la course. La décision n'est pas encore arrêtée, mais il s'agit de la même somme que celle adoptée pour la course à la succession de Bernard Landry, au Parti québécois (PQ), en 2005. Mais des pressions se sont exercées pour que le parti augmente son plafond à 600 000$.

L'avocat André Ryan, responsable de la commission, aurait par ailleurs souhaité trouver une façon d'éviter le recours à des «slates» de délégués, mais ce mécanisme, prévu à la constitution du PLQ, semble incontournable étant donné les délais. Des changements à la constitution auraient en effet nécessité la convocation d'un congrès, un processus trop lent si on souhaite élire un nouveau chef en février.

Le plafond de 500 000$ permet d'égaliser les chances. Un maximum trop élevé défavoriserait les candidats moins connus, donc moins susceptibles que leurs adversaires de trouver facilement du financement. Par exemple, l'ancien ministre des Finances Raymond Bachand, proche du milieu des affaires, serait favorisé par un plafond élevé. Du côté libéral, les dépenses des précédentes courses étaient moins encadrées - les candidats pouvaient dépenser jusqu'à 600 000$ en 1983, et l'identité des contributeurs n'était pas révélée.

Limite de contribution

En vertu de nouvelles dispositions de la loi électorale adoptées en 2011, les contributions aux candidats à la direction ne seront pas traitées comme des contributions à un parti politique. En 2005, le PQ recevait des contributions politiques qu'il réacheminait par la suite aux candidats. Les contributeurs avaient donc droit à un crédit d'impôt pour leur don, et les fonds publics finançaient indirectement la course à la direction du Parti québécois.

Depuis l'an dernier, la loi électorale fixe à 1000$ la contribution maximale d'une personne à un candidat à la direction d'un parti.

Hier, la porte-parole du PLQ, Sarah Shirley, a confirmé que la course ne pourrait commencer avant le conseil général du parti, prévu le 20 octobre à Laval. À cause de la disponibilité des salles, il est possible que l'événement ait lieu le lendemain, soit le 21 octobre, mais le parti vise toujours Laval, a-t-elle indiqué.

Joint hier, Jean-Marc Fournier, chef intérimaire du PLQ, a soutenu que les règles de la course ne seront connues «officiellement» qu'après le conseil général. D'ici là, la direction du PLQ se réunira au moins deux fois à ce sujet - le 1er octobre et à la mi-octobre, a-t-on par ailleurs appris.

Entière latitude

Selon le Directeur général des élections (DGE), le PLQ a toute la latitude pour décider du moment où la course se met en branle - c'est donc son choix d'attendre la tenue d'un conseil général. Le porte-parole, Denis Dion, affirme d'ailleurs que la course s'enclenchera quand le chef par intérim du parti enverra une lettre en ce sens au Directeur général des élections (DGE), «que ce soit après un exécutif ou un conseil général, c'est de la régie interne du parti», a-t-il expliqué.

L'enregistrement des candidats se fait aussi par l'entremise du chef intérimaire du parti - les candidats ne frappent donc pas à la porte du DGE, même si certains d'entre eux l'ont fait, semble-t-il. Lorsqu'ils annonceront officiellement leur candidature, les candidats sont censés avoir déjà déterminé la personne qui agira en leur nom à titre de représentant financier.