La situation des finances publiques est moins rose que ne l'a laissé entendre le ministre Raymond Bachand la semaine dernière, a prévenu Pauline Marois. De concert avec le ministre des Finances, Nicolas Marceau, elle décidera rapidement si un énoncé budgétaire est nécessaire pour la rentrée parlementaire de la fin du mois d'octobre.

«La situation s'est détériorée depuis trois mois, a dit Mme Marois dans un point de presse après la première réunion de son Conseil des ministres. Ce n'est pas si bon que ce que M. Bachand a dit il y a quelques jours.» 

La croissance économique est plus faible que prévu, mais  son gouvernement entend revoir la gestion de certains dossiers, des investissements qui ne sont pas pris en compte dans le plan des infrastructures, a-t-elle indiqué.

En fait, a appris La Presse, les dépenses nécessaires au parc immobilier des ministères et organismes ne sont pas incluses dans le programme d'infrastructures. Ces engagements, qui frôlent le milliard de dollars, sont intégrés aux équilibres financiers, mais l'opération n'est pas transparente.

Aussi, des promesses faites par le gouvernement Charest dans les semaines précédant le déclenchement de la campagne électorale ne sont pas inscrites aux dépenses gouvernementales. Le nouveau gouvernement aura à trancher sur ces engagements.



Faible croissance


Mais c'est surtout la faible croissance économique qui soulève de l'inquiétude. Elle était, l'an dernier, de 1,6%. Dans son budget du printemps dernier, le ministre Bachand tablait sur une croissance de 1,5% mais, en août, un économiste de la Banque Nationale avait réduit à moins de 1% la perspective pour 2012.

Le 10 septembre, la Banque Royale avait abaissé son pronostic à 1% de croissance; les autres institutions feront probablement de même. Par rapport à l'an dernier, la croissance réelle, au printemps dernier, n'est que de 0,4%, un recul de près de 1% sur les prévisions signifie une diminution des recettes d'environ 500 millions.

La semaine dernière, pour son dernier point de presse comme ministre, Raymond Bachand avait reconnu que, si rien n'était fait, les dépenses pourraient dépasser de 800 millions les prévisions pour l'année 2012-1013. Hier, Mme Marois s'est de nouveau engagée à atteindre l'équilibre budgétaire dans le budget de 2013-2014, rappelant qu'elle était la seule ministre des Finances à avoir réduit la dette, par un décaissement de 500 millions en 2001.

Raymond Bachand a répliqué hier. Il a assuré que sa synthèse économique de la semaine dernière était à jour sur le plan des pronostics de croissance, qu'elle intégrait les plus récentes prévisions du secteur privé et que la moyenne était encore à 1,5%, comme au budget du mois de mars. «Il est possible que la croissance ralentisse, mais je ne suis pas futurologue, j'ai été transparent», insiste-t-il. Son budget prévoyait d'ailleurs une réserve de 300 millions pour parer à un ralentissement, rappelle-t-il.

Promesses tenues

Par ailleurs, c'est au moment de remplir leur prochaine déclaration de revenus que les Québécois constateront que le PQ a réalisé son premier engagement de campagne électorale. Il n'y aura plus de «ligne» pour envoyer au fisc les 200$ exigés pour la taxe santé. «La taxe santé sera annulée», a soutenu Mme Marois. «En contrepartie, elle sera répartie sur les hauts revenus ou sur d'autres avantages fiscaux liés aux hauts revenus», a-t-elle indiqué. L'état des finances publiques ne pourra servir d'argument pour changer de cap. «Quand j'ai pris cet engagement, je savais qu'il y aurait des conséquences et je vais les assumer», a-t-elle déclaré.

Mme Marois réservait à cette première conférence de presse une brochette d'annonces liées à ses engagements de campagne électorale - abolition de la hausse des droits de scolarité, abrogation de la loi 12 sur l'encadrement des manifestations, fermeture de la centrale de Gentilly-2. «J'ai l'intention d'agir rapidement pour offrir des résultats aux Québécois», a-t-elle soutenu.

Elle a aussi promis le dépôt d'une nouvelle charte de la langue française dans la courte session parlementaire en octobre. On ne parle plus de «Plan Nord» mais d'un «plan de développement du Nord que nous mettrons à notre main. Ce ne sera pas qu'un plan marketing», a-t-elle soutenu.



Mauricie


Elle a balayé d'un revers de main les doléances de sa députée de Champlain, Noëlla Champagne, outrée de voir qu'aucun député de la Mauricie n'a été invité à faire partie du Conseil des ministres. Mme Champagne a multiplié les entrevues hier, réclamant que Mme Marois revoie cette décision.

«Je suis très fière du cabinet que j'ai formé et je crois qu'il peut répondre à toutes les régions du Québec», a répliqué Mme Marois. Le Conseil des ministres ne comprend pas de ministre de la Mauricie, où le PQ a deux élus. La région des Laurentides est aussi absente, même si le PQ y compte des députés. C'est le cas aussi pour l'Outaouais, le Bas-Saint-Laurent et Chaudière-Appalaches, où aucun péquiste n'a été élu, toutefois. En comparaison, la Montérégie compte pas moins de sept représentants au Conseil des ministres.