Avec son équipe verte, Pauline Marois a «les deux pieds sur le frein», raille François Legault. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) déplore la nomination de Martine Ouellet et de Daniel Breton aux ministères des Ressources naturelles et de l'Environnement.

«Habituellement, on nomme une personne en faveur du développement aux Ressources naturelles, et une autre pour la protection à l'Environnement. Mais on a maintenant deux ministres promoratoires et antidéveloppement économique», dénonce-t-il.

La CAQ, pendant la campagne, proposait aussi un moratoire sur le gaz de schiste en attendant le dépôt d'études environnementales stratégiques. Mais hier, Mme Ouellet a laissé entendre qu'elle était partisane d'un moratoire permanent.

M. Legault s'inquiète surtout pour le pétrole. Après le dépôt des études environnementales, il voudrait que les gisements, entre autres à Anticosti et Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent, soient exploités. La CAQ veut en effet utiliser les recettes liées aux hydrocarbures pour diminuer la dette. «C'est une occasion unique, mais on ne croit pas que [Mme Ouellet] va l'examiner à son mérite. Les études, c'est parfois une façon de pelleter par en avant.»

Durant la campagne, la CAQ avait reçu la pire note en matière d'environnement, selon un bulletin de groupes écologistes. Le PQ avait obtenu la meilleure des trois grands partis. M. Legault s'est justifié en disant proposer une vision «réaliste». La CAQ est «le parti des entrepreneurs» qui misera sur le développement de technologies vertes, expliquait-il.

M. Legault se dit toutefois satisfait que Mme Marois veuille avancer rapidement sur les questions d'intégrité. Comme le PQ, la CAQ veut plafonner les dons aux partis politiques à 100$, imposer des élections à date fixe et colmater les brèches dans la loi 35, destinée à combattre la fraude dans l'industrie de la construction. «On offre notre pleine collaboration dans ces dossiers.»

François Legault s'inquiète en revanche particulièrement de l'équipe économique du gouvernement Marois. «Nicolas Marceau [ministre des Finances] est un bon économiste, mais il n'a jamais négocié avec des grandes entreprises», souligne-t-il. Même chose, selon lui, pour Élaine Zakaïb, ministre déléguée à la Politique industrielle et la Banque de développement, ex-patronne des Fonds régionaux de solidarité FTQ. «Elle est habituée aux petites entreprises, mais il faut attirer de grands investisseurs au Québec», martèle-t-il.

Le PQ a proposé de créer un guichet unique pour les entreprises. «Mais il vient d'annoncer que le Commerce extérieur relèvera maintenant du ministère des Relations internationales, et que l'Innovation relèvera du ministère de l'Éducation supérieure. Ils étaient auparavant au même ministère, celui du Développement économique», rappelle-t-il.

Enfin, il ne croit pas que le ministère des Transports doive se transformer en agence autonome. Il faudrait, selon lui, augmenter le salaire des ingénieurs du ministère pour ne pas les perdre au profit du privé. «Au lieu de jouer avec les structures, il faudrait s'asseoir avec les syndicats pour garder les meilleurs gens à la surveillance des chantiers, dit-il. Et ce serait plus simple à faire, en plus.»