Pauline Marois a tenu sa première promesse électorale jeudi en annulant la hausse des droits de scolarité. Les fédérations étudiantes crient victoire. Elles comptent maintenant sur les «tiraillements» internes au Parti québécois pour faire reculer la première ministre sur son intention d'indexer les droits sur l'inflation.

Dès la première réunion de son Conseil des ministres, Pauline Marois a annulé la décision du gouvernement Charest d'augmenter la facture des étudiants de 82% en sept ans. Les droits de scolarité pour l'année 2012-2013 restent donc à 2168 $, a-t-elle annoncé en conférence de presse.

Les universités toucheront tout de même le financement supplémentaire promis de 60 millions de dollars. Le gouvernement Marois maintient en effet pour cette année les bonifications au régime de prêts et bourses annoncées par le gouvernement Charest.

Les dispositions de la loi 12 (plus connue sous le nom du projet de loi 78), qui encadrent étroitement les manifestations, seront abrogées par décret dès aujourd'hui, un autre engagement électoral du PQ. «Ces deux décisions permettront de ramener la paix et de rétablir les droits et libertés», a lancé Pauline Marois.

Les fédérations étudiantes universitaire et collégiale - la FEUQ et la FECQ - ont réagi 15 minutes après l'annonce de la première ministre. «C'est le triomphe de la justice et de l'équité», s'est réjouie la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins. «Collectivement, on vient d'écrire un chapitre de l'histoire du Québec. Collectivement, on vient de prouver qu'on est capables de se tenir et d'atteindre une des plus grandes victoires du mouvement étudiant.»

Mais «l'histoire n'est pas terminée», a indiqué sa collègue de la FECQ, Éliane Laberge. Le chapitre suivant se jouera au sommet sur l'enseignement supérieur. Il aura lieu dans les prochains mois, mais pas nécessairement dans les 100 premiers jours du gouvernement, a indiqué Mme Marois, un délai qui n'indispose pas les fédérations étudiantes. À ce sommet, la première ministre entend proposer, comme promis, l'indexation des droits de scolarité sur le coût de la vie.

Mais les fédérations étudiantes, partisanes du gel des droits, croient que cette position a de bonnes chances d'être revue à l'occasion du conseil national que tiendra le PQ au mois de novembre. «Je pense qu'il va y avoir des tiraillements, des discussions, un argumentaire, des débats. J'espère qu'il va y en avoir. On sait qu'au gouvernement péquiste, il y a souvent de bons débats. Ça va nous faire changement du gouvernement libéral. Profitons-en!», a lancé Martine Desjardins.

L'indexation n'a fait l'objet d'aucun vote de la part des militants péquistes jusqu'à présent. Elle ne figure ni dans le programme ni dans la plateforme électorale du parti. «Je n'ai pas l'impression que tous les membres du Parti québécois vont défendre [l'indexation] au prochain congrès, avant le sommet, a soutenu Martine Desjardins. Attendons de voir ce que ça va donner. Moi, je suis convaincue qu'on va plutôt proposer une mesure d'accessibilité aux études.»

Jeudi, le député Léo Bureau-Blouin, ex-président de la FECQ, a réitéré qu'il entend «pousser pour le gel des droits de scolarité» au sein des instances de son parti.

Pauline Marois a indiqué que le sujet pourrait faire l'objet de débats au conseil national, mais «l'ordre du jour n'est pas encore établi». «S'il y a [des propositions] qui viennent sur ça, on les recevra comme on reçoit toutes les propositions de nos militants», a-t-elle signalé.

Selon elle, l'indexation est «une forme de gel» puisqu'elle correspond à l'augmentation générale du coût de la vie. «Ce serait plus raisonnable de garder cette perspective, mais nous allons en débattre à l'occasion du sommet», a-t-elle dit. «Je ne vais pas renoncer avant de commencer.»

La CLASSE, qui n'a pas participé à la conférence de presse des fédérations étudiantes, milite pour la gratuité et parle de l'annulation de la hausse des droits de scolarité comme d'une «victoire temporaire». Elle tiendra une manifestation demain, le 22 septembre.

Avant l'annonce de Pauline Marois, la FEUQ et la FECQ ont adressé une série de demandes au ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne. Elles réclament une «table de travail d'urgence», notamment pour régler certains problèmes de prêts et bourses des étudiants et pour planifier le sommet. Elles veulent également que le Vérificateur général ait plus de pouvoir et puisse ouvrir les livres de comptes des universités.