Pierre Moreau n'annoncera pas aujourd'hui qu'il se lance dans la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), mais le député de Châteauguay veut assurément presser le pas pour prendre ses adversaires de court. Il compte annoncer rapidement ses intentions, et ses partisans exerceront des pressions pour que le parti désigne un nouveau chef avant le prochain budget, au printemps.

Dans les milieux libéraux, on regarde déjà avancer, tambours battants, l'ancien ministre des Transports. Une équipe se constitue autour de lui. Éric Tétrault, longtemps dans le cabinet de Jean Charest, s'occupe déjà des communications. Et Pietro Perrino n'est pas très loin - Pierre Moreau avait une bonne relation avec Daniel Johnson, et Perrino demeure l'homme de confiance de l'ancien chef.

Fournier à l'intérim

La direction du PLQ, qui s'est réunie lundi soir, a recommandé la candidature de Jean-Marc Fournier comme chef intérimaire. Le parti devra par ailleurs se conformer aux nouvelles dispositions de la Loi électorale relativement au financement de la course à la direction: des dons limités à 1000$ et la publication de la liste des contributeurs.

Le PLQ est devant un dilemme important: la constitution du parti prévoit que le chef est choisi par des délégués - 24 délégués par circonscription -, alors que les autres partis élisent déjà leur chef au suffrage universel des membres.

Or, pour changer la constitution du parti, le PLQ devrait organiser un congrès des membres. Ce passage obligé ferait en sorte qu'il serait difficile de choisir un nouveau chef à temps pour le premier budget du gouvernement Marois. Des vétérans libéraux croient d'ailleurs qu'il vaudrait mieux faire atterrir la course en mai ou en juin, plutôt que de précipiter l'exercice.

Couillard dans l'antichambre

Par ailleurs, plusieurs ont interprété les propos ambigus de l'ancien ministre de la Santé Philippe Couillard comme la quasi-annonce de son entrée dans la course. Un «outsider» ne se serait pas lancé dans de telles déclarations s'il n'avait pas sérieusement considéré ses options, explique-t-on. Pierre Anctil, libéral de longue date, est proche de l'ancien ministre de la Santé.

Raymond Bachand poursuit ses appels téléphoniques, mais ne sera pas prêt à annoncer ses intentions cette semaine. Il compte toutefois prendre sa décision rapidement - dans son entourage, on est conscient de la stratégie de Pierre Moreau, qui souhaite prendre de l'avance rapidement. Sam Hamad fait de même et semble pour l'instant déterminé à se lancer, même s'il veut «quelques semaines» pour se décider. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, semble quant à lui avoir déclaré forfait.

Du côté du PQ

Pendant ce temps, du côté du Parti québécois (PQ), l'entourage de Mme Marois multiplie les rencontres pour préparer la rentrée - un cercle restreint où le député Jean-François Lisée est admis, a-t-on appris. Les députés et candidats se réuniront demain à Québec, mais les coups de fil pour la formation du Conseil des ministres ne commenceront qu'après la prestation de serment des élus, lundi prochain.

Un casse-tête pour Mme Marois: le rôle de François Gendron, candidat naturel pour la présidence de l'Assemblée nationale, mais qui risque de se faire battre au vote. En effet, le président est choisi par les députés, mais les libéraux et les caquistes détiennent ensemble la majorité. Jacques Chagnon, président issu du PLQ, est en campagne active pour renouveler son mandat à la reprise des travaux de l'Assemblée nationale, à la fin du mois d'octobre.