En 2003, les libéraux s'étaient fait élire avec une énorme promesse: une réduction d'impôt annuelle, pendant cinq ans, de 1 milliard. Pour Luc Godbout, fiscaliste à l'Université de Sherbrooke, les libéraux «n'ont pas réalisé cet engagement au-delà du budget Séguin de mars 2004». En 2007, en pleine campagne électorale, Jean Charest a néanmoins décidé d'aiguiller 1 milliardde transferts, accordés par Ottawa, vers des baisses d'impôts. «Mais on n'avait pas les moyens de cela. Du coup, depuis, on a dû augmenter deux fois la TVQ et hausser les taxes sur l'essence», observe M. Godbout.

Pour ce spécialiste, les familles à revenus très modestes sont sorties gagnantes des neuf années de pouvoir du PLQ. Pour les autres, «le gain est plus faible, proche de zéro. Le gouvernement Charest n'a pu réduire significativement le poids de la fiscalité dans l'économie québécoise», remarque le professeur.

Pour l'économiste Pierre Fortin, Jean Charest «est un conservateur devenu libéral». Sous Jean Charest, «on a été en continuité dans le domaine social. L'État-providence a eu un second souffle alors qu'il était battu en brèche dans bien des pays industrialisés». En dépit du retour au déficit depuis 2008, les finances du Québec «sont en excellent état», tranche l'ancien conseiller de René Lévesque. On dit toujours que le Québec a reculé dans le palmarès des provinces, essentiellement parce que la potasse et le pétrole ont enrichi la Saskatchewan, l'Alberta et Terre-Neuve, explique-t-il. «Du point de vue du niveau de vie, on s'approche maintenant de l'Ontario», lance Pierre Fortin.

Simon Prévost, porte-parole des Manufacturiers et exportateurs du Québec, retient que le gouvernement Charest «a fait beaucoup de gestes pour permettre aux entreprises de croître». Le Plan Nord, «au moins, le chantier est parti, ce sera difficile de l'arrêter». Son succès est étroitement lié aux prix des métaux, «mais le contexte est favorable à une croissance de la demande à long terme», indique l'économiste. L'augmentation de la dette en revanche est «significative, c'est le côté sombre du bilan», relève M. Prévost. La dette nette est passée de 97 milliards à 178$ milliards, soit de 39% à 51% du PIB.