Pauline Marois ne portera pas le carré rouge durant la prochaine campagne électorale, et elle n'a pas l'intention d'en parler abondamment.

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La chef du Parti québécois n'a pas attendu que le premier ministre Charest ne révèle le secret le moins gardé en ville. Près de deux heures avant le déclenchement officiel des élections, elle a lancé ce matin la campagne du PQ. Le slogan : À nous de choisir. Durant son discours, elle n'a pas mentionné le dossier des frais de scolarité. Il a toutefois ressurgi durant les questions. M. Charest mise sur cet enjeu pour faire oublier son bilan, soutient-elle. Le thème le plus « urgent » de la campagne, selon elle : « changer le gouvernement libéral de Jean Charest, un gouvernement usé et corrompu ».

Le gouvernement a perdu des ministres pour des raisons d'éthique, a-t-elle soutenu, en faisant référence à Tony Tomassi et David Whissell.

Pas un vote pour le référendum

« On ne votera pas pour ou contre un référendum, on votera pour ou contre un gouvernement en devenir », a-t-elle ajouté. Le PQ propose une « équipe de gouvernement ».

Elle a ainsi essayé de désamorcer les deux critiques principales du Parti libéral, qui associe le PQ au carré rouge, à « la rue » et au référendum. Contrairement au premier ministre, Mme Marois se vante de pouvoir se promener dans une foule de manifestants sans craindre pour sa sécurité. « J'hais pas ça, être (associée) à la rue », s'est-elle amusée, en soutenant qu'elle a participé à des manifestations qui ont rassemblé plus de 100 000 personnes, et que cette foule représentait les citoyens.

Si le PQ prend le pouvoir, on ne sait pas s'il déclenchera un référendum sur la souveraineté. Mais Mme Marois assure qu'elle « garde son agenda ouvert ». À défaut de garantir d'en tenir un, elle garantit qu'elle « s'engage résolument à en préparer un ». Les citoyens pourront aussi en exiger un sous un gouvernement péquiste. Le PQ propose d'organiser des référendums d'initiative populaire. Ils seraient déclenchés si 15% des citoyens signent la demande. Ce serait toutefois au gouvernement de choisir le libellé de la question.

En anglais, Mme Marois a rappelé que le PQ ne déclencherait pas lui-même de référendum s'il pense ne pas pouvoir le gagner.

Le PQ a perdu les trois dernières élections, et il avait gagné celles de 1998 même s'il avait récolté moins de votes au total que le PLQ. Les péquistes ont-ils une obligation de résultat ? Se remettraient-ils d'une quatrième défaite consécutive ? Mme Marois répond que son parti - et sa chefferie - ont traversé plusieurs crises. « Contrairement à ce qu'ont dit certains, notre parti n'est pas celui d'une génération ».

À gauche des libéraux

Aux dernières élections générales, plusieurs observateurs ont souligné le peu de différence en matière d'économie entre les libéraux et les péquistes. Cette fois, il semble que Mme Marois veuille se positionner à gauche de ses deux principaux adversaires. « Nous refusons la culture du chacun-pour-soi », a-t-elle avancé. Mme Marois accuse la Coalition avenir Québec de vouloir « enrichir seulement les privilégiés ». Le PQ veut abolir la taxe santé, un engagement annoncé cet hiver. Cela redonnerait 200$ de plus par année à environ un Québécois sur deux.

Elle a décoché quelques flèches contre le gouvernement Harper, mais beaucoup moins que l'hiver dernier, alors qu'elle en faisait un de ses principaux adversaires.

Elle résume sa « vision d'avenir » à ces trois verbes : « s'affirmer, s'enrichir, s'entraider ». Le PQ veut renforcer la 101, entre autres en l'appliquant aux cégeps et en y assujettissant les commerces qui ont entre 10 et 50 employés. Le programme propose aussi d'enseigner davantage « l'histoire nationale » et de faire adopter une charte de la laïcité.

Reprendre Québec

Flanquée de ses neuf candidats de la région de la Capitale-Nationale, Mme Marois a dit qu'elle voulait « reconquérir Québec ». Le défi est de taille. Le PQ n'y détient que deux circonscriptions : Charlevoix (Mme Marois) et Taschereau (Agnès Maltais). Et les derniers sondages ne sont guère encourageants. Selon le dernier coup de sonde de Léger Marketing, le PQ ne récolte que 22% des intentions de vote dans cette région, derrière le PLQ (37%) et la CAQ (26%).

Parmi les candidats du PQ dans la Capitale-Nationale : Christophe Fortier-Guay (Charlesbourg), fils de l'ancien ministre péquiste Richard Guay, Pierre Châteauvert (Jean-Lesage), ancien directeur du parti ainsi que Neko Likongo (Jean-Talon), rebaptisé « homme du monde » par Mme Marois.

Accusations contre Legault : Marois corrobore

Mme Marois a corroboré les accusations sur François Legault publiées dans un pamphlet de Gilles Toupin, ancien reporter de La Presse devenu militant souverainiste. Alors qu'il était porte-parole de l'opposition officielle en matière de Finances, M. Legault aurait cessé de vouloir poser des questions sur les FIER, parce que son ami Charles Sirois y était associé. « À un certain moment, il a cessé de vouloir poser des questions », a rapporté ce matin Mme Marois. M. Legault a démenti ces accusations sur Twitter. « Je ne le connaissais pas à l'époque ! », a-t-il écrit.

Benhabib à Trois-Rivières

Mme Marois doit officialiser la candidature dans Trois-Rivières de la militante anti-islamiste Djemila Benhabib.