L'atterrissage de Léo Bureau-Blouin comme candidat péquiste dans Laval-des-Rapides comporte un avantage aux yeux de son adversaire, le ministre Alain Paquet. «Au moins, les enjeux seront clairs, le chat est sorti du sac», soutient le libéral qui dit avoir hâte d'en découdre avec l'ancien leader étudiant.

Universitaire et économiste, Alain Paquet l'a emporté par 2000 voix en 2003 contre le ministre péquiste Serge Ménard. La notoriété de son jeune adversaire - Pauline Marois annoncera aujourd'hui cette candidature - ne l'inquiète guère.

Une étoile montante

D'abord, l'accouchement semble avoir été difficile. On a parlé d'une candidature de Léo Bureau-Blouin dans Trois-Rivières, un scénario qui n'a, semble-t-il, pas fait l'affaire des militants locaux du Parti québécois (PQ). Ensuite, pour loger la vedette, on a dû forcer la main de Marc Demers, un ex-policier qui avait pourtant remporté l'investiture péquiste le printemps dernier, relève M. Paquet, dont les vacances à Paris avec sa famille se terminent aujourd'hui.

Après avoir rongé son frein pendant des années dans l'antichambre du Conseil des ministres, Paquet a finalement été nommé ministre délégué aux Finances il y a un an et demi. Dans les derniers mois, il est devenu une étoile montante au gouvernement, et il a été sollicité plus souvent qu'à son tour pour donner la réplique à l'opposition à l'Assemblée nationale. Au printemps dernier, il avait eu à négocier, aux côtés de Michelle Courchesne, avec les fédérations étudiantes. De plus, quand Mme Courchesne a été nommée à l'Éducation, on a confié ses responsabilités de ministre régionale de Laval à Alain Paquet.

Même s'il s'est retrouvé de l'autre côté de la table au cours des négociations avec les étudiants, M. Paquet ne souhaite pas que la campagne dans Laval-des-Rapides devienne «un conflit de générations» avec son adversaire de 20 ans.

En accueillant Léo Bureau-Blouin, le PQ établit sa position aussi sur la question du financement de l'éducation supérieure, relève M. Paquet. «On sait maintenant que le PQ est contre le programme d'épargne-études, qui est utile pour bien des familles à revenus modestes, souligne-t-il. On sait aussi que le PQ est favorable à la réduction des crédits d'impôt qui servent non seulement aux étudiants universitaires, mais aussi à ceux des cégeps du secteur professionnel.» Ces positions sont celles qu'avait défendues l'ex-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) à la table des négociations avec Québec.

Or, le gouvernement Charest «avait fait une proposition équitable pour les contribuables» avec des hausses modérées des droits de scolarité, assorties de bonifications au régime des prêts et bourses, martèle déjà le député.

Les électeurs se prononceront aussi sur l'ensemble des enjeux régionaux. Ici, le député libéral soutient ne pas s'inquiéter du bilan qu'ils feront quant à son engagement depuis neuf ans. Son jeune adversaire, bien que connu, fait ses premières armes en politique. «Il va pour la première fois être confronté à un vrai vote secret», ironise M. Paquet, une allusion aux règles démocratiques du mouvement étudiant souvent attaquées par le gouvernement Charest.