L'ombudsman de Radio-Canada, Pierre Tourangeau, rejette la plainte du Parti libéral (PLQ) contre l'ancien journaliste Pierre Duchesne, qui est entré en politique. Rien ne permet de conclure qu'il s'est placé en conflit d'intérêts dans son travail avant de quitter les ondes de la société d'État, tranche-t-il.

«Les éléments de ce dossier qui ont été rendus publics, qui m'ont été présentés, ou dont j'ai moi-même pris connaissance, ne sont pas probants. Rien ne me permet de conclure que Pierre Duchesne s'était placé en situation de conflit d'intérêts lorsqu'il travaillait encore pour Radio-Canada, ni qu'il a autrement enfreint ses Normes et pratiques journalistiques», écrit M. Tourangeau dans une décision publiée hier.

Joint par La Presse, Pierre Duchesne s'est dit «satisfait, mais pas surpris». «C'était une plainte politique déposée six minutes avant le point de presse où j'ai annoncé ma candidature. Le Parti libéral a tenté de m'intimider, de me déstabiliser à l'approche de possibles élections», a dit l'ancien journaliste. Blanchi, il réclame maintenant des excuses à la formation de Jean Charest.

Le PLQ a jugé incomplètes les vérifications réalisées par l'ombudsman de Radio-Canada à la suite de sa plainte. «Il s'est contenté de questionner deux entités, soit Pierre Duchesne et le PQ, a déclaré Michel Rochette, directeur des communications du parti. Tout le reste, les informations que nous ont apprises ses collègues, a été classé dans la catégorie "rumeurs". C'est particulier.»

Quant aux excuses que réclame M. Duchesne, le PLQ préfère attendre la décision du Conseil de presse, qui a aussi été saisi du dossier et doit trancher d'ici à la fin du mois de septembre. «Je comprends son empressement à miser sur cet avis, qui repose sur son seul témoignage, mais on va attendre les vraies conclusions de l'organisme chargé de regarder le journalisme au Québec», dit Michel Rochette.

Le directeur général du PLQ, Karl Blackburn, avait porté plainte contre Pierre Duchesne après la publication de deux articles selon lesquels il aurait négocié son passage au Parti québécois alors qu'il était toujours en poste à Radio-Canada.

Pierre Tourangeau affirme avoir vérifié les faits relatés dans ces deux articles auprès de Pierre Duchesne et du Parti québécois. Les deux ont nié avoir eu des discussions avant le départ du journaliste, le 15 juin. Les sources à l'origine des deux articles brandis par le PLQ étant anonymes, l'ombudsman estime ne pas avoir suffisamment d'éléments de preuve.

Quant à l'impartialité de M. Duchesne alors qu'il était journaliste, l'ombudsman souligne que ses sympathies politiques maintenant connues n'ont pas nécessairement entaché son travail. «Sachant maintenant qu'il adhère au PQ, on peut logiquement conclure qu'il était au moins sympathique aux idées de ce parti lorsqu'il était journaliste. Toutefois, cela n'implique pas qu'il ait exercé ses fonctions avec partialité», écrit M. Tourangeau.

L'ombudsman souligne que Pierre Duchesne a fait l'objet de 17 plaintes depuis son affectation à l'Assemblée nationale en 2005, dont la moitié sur l'impartialité de son travail. «C'est peu, considérant que M. Duchesne intervenait souvent et régulièrement en ondes et qu'il agissait depuis quelques années comme analyste politique, une fonction délicate qui l'amenait à commenter à peu près tous les événements de la vie politique québécoise», écrit l'ombudsman.

Dans sa décision, M. Tourangeau ne juge donc pas nécessaire de se lancer dans l'analyse «des centaines, voire des milliers de reportages et d'analyses qu'a produits M. Duchesne à titre de journaliste politique depuis 2005».