François Legault ne se déplace pas pour moins de 25 000$. Si une activité de financement n'a pas récolté cette somme trois jours avant sa tenue, la Coalition avenir Québec (CAQ) annule purement et simplement sa présence.

C'est du moins ce que prévoit le «manuel du candidat» remis à chaque personne qui portera les couleurs de la CAQ, et sur lequel La Presse a mis la main.

La formation politique confirme que la règle existe, mais jure ne l'avoir jamais appliquée. «Elle n'a jamais été utilisée», a affirmé Jean-Bernard Villemaire, porte-parole de la formation politique. «C'était pour s'assurer qu'on puisse faire la gestion du temps du chef de la façon la plus pointue et pertinente possible.»

La «procédure» officielle a toutefois survécu dans au moins deux versions distinctes du manuel, dont l'une datée du 2 juillet dernier. Et dans un courriel qui accompagne la version du document datée du 30 mai dernier, la «conseillère services comtés» du parti semble claire: «Vous retrouverez dans ce manuel toutes les procédures en vigueur à partir de maintenant. Afin d'optimiser notre travail d'équipe, on s'attend à ce que ces procédures soient respectées en totalité et en conformité à partir d'aujourd'hui.»

L'activité de financement doit «assurer un revenu net de 25 000$», indique le manuel. «Si 72 heures avant l'activité, l'objectif n'est pas atteint, un autre membre du caucus sera délégué à l'activité».

M. Villemaire affirme que l'on trouve des mécanismes semblables au sein d'autres formations politiques.

«Package» électoral

La Presse a révélé hier que les candidats choisis par la CAQ doivent s'engager à prêter eux-mêmes la différence entre l'objectif de financement de leur circonscription et les contributions réellement récoltées. Les circonscriptions valent 25 000, 15 000 ou 10 000$.

Le manuel du candidat précise ce qui est «inclus» et «ce qui n'est pas inclus» dans chacun des «coffres à outils» auxquels les candidats ont droit après la signature du contrat avec la formation.

Parmi les éléments exclus: le «local électoral de circonscription avec tous les frais afférents», les «publicités locales dans les médias locaux» et l'«impression des visuels autres que les pancartes».

Par contre, l'entente donne notamment droit à «la production des pancartes électorales incluant les attaches et la livraison», à une «séance de photo complète», à l'«accès au local électoral régional» et à l'«accès à la stratégie de pointage nationale».

«Durant la période électorale, un directeur de campagne régional et un attaché de presse soutiendront et dirigeront les campagnes régionalement. Le soutien de ces professionnels est inclus dans le coffre à outils», ajoute le manuel.

CAQ 101

Le document de plus d'une centaine de pages comprend aussi un résumé des positions politiques que devront défendre les candidats en campagne. Les candidats députés doivent avoir réponse à tout.

En plus des grands principes de base de la formation politique, le manuel du candidat dicte la ligne de parti sur des sujets beaucoup plus inusités.

«M. Legault a [...] manifesté son ouverture à la castration chimique des délinquants sexuels sur ordonnance des tribunaux», indique le document.

Au sujet de la viande hallal dans les prisons (coûts «élevés», selon la CAQ): «nous jugeons que les prisonniers qui en ont les moyens devraient défrayer les coûts supplémentaires engendrés par leur pratique religieuse».

Afin de s'assurer qu'aucun candidat ne répète la bourde de François Rebello, qui avait suggéré dans une entrevue que les familles devraient se contenter d'une seule voiture, la Coalition met les choses au clair. «Il n'a jamais été question d'imposer une voiture par famille, ce serait absolument inconcevable», a-t-elle écrit en caractères gras.

Il est possible pour un candidat d'élaborer des promesses locales, afin de convaincre les électeurs qu'il serait le meilleur candidat pour défendre les intérêts de leur circonscription. Pour ce faire, il doit remplir un formulaire «standardisé» et l'envoyer à la commission politique de la CAQ.