S'il n'en tient qu'à Jean Charest, le Québec sera plongé en campagne électorale dès le mercredi 1er août. Exceptionnellement, les Québécois seront conviés aux urnes un mardi, le 4 septembre, lendemain de la fête du Travail.

Plusieurs sources dans les coulisses du Parti libéral du Québec (PLQ) et du gouvernement ont indiqué à La Presse au cours des derniers jours que Jean Charest voulait «déclencher [des élections] le plus rapidement possible». Dans le cercle restreint des ministres, certains soutiennent déjà que la «prochaine réunion du Conseil [le 1er août] sera la dernière». Les brefs pour des élections générales, le 4 septembre, seront délivrés à ce moment.

Étrange coïncidence, c'est aussi un 4 septembre que Jean Charest avait été élu député à Ottawa, sous Brian Mulroney, en 1984. Il s'agissait, là encore, du lendemain de la fête du Travail.

Au PLQ, le mot d'ordre est donné: sauf exception, les photos des candidats doivent être prêtes d'ici au 15 juillet, afin de profiter de la semaine avant les vacances de la construction pour procéder à l'impression des affiches. Cette balise a déjà été annoncée par le directeur général du parti, Karl Blackburn, lors d'une présentation aux employés politiques en juin.

Les organisations dans les circonscriptions doivent aussi avoir loué leur local de campagne «au plus tard le 28 juillet». Dans les cabinets politiques, les employés sont attendus au travail le 23 juillet.

Des sondages plus frais

Mais les soldats ne vont pas à la guerre le coeur léger. Des sources sûres indiquent qu'une bonne partie du Conseil des ministres - près de la moitié - souhaitait plutôt attendre plus longtemps, au budget de l'équilibre budgétaire du printemps 2013, avant de lancer l'appel aux urnes. Chez les députés libéraux, ce sentiment est encore plus présent, a confié un élu.

Des sources dans l'organisation soutiennent que tout sera en place pour permettre à Jean Charest d'appuyer sur le bouton dès le 1er août. La plateforme électorale du PLQ est déjà rédigée pour l'essentiel. Seul bémol, certains stratèges seraient plus à l'aise s'ils avaient en main des sondages plus frais avant le déclenchement des élections. Or, comme il est impossible de sonder l'opinion durant les vacances de la construction, cela plaiderait pour un report d'une semaine. Mais le courant dominant est nettement pour un déclenchement le 1er août. L'essentiel de la campagne se déroulera dans une période où la politique ne préoccupe guère la population, une perspective rassurante pour un gouvernement qui n'a pas envie de faire campagne sur un bilan de neuf ans. En déclenchant les élections tôt, le gouvernement se met aussi à l'abri des accusations d'opportunisme si, comme on peut le prévoir, la rentrée de la mi-août s'avère difficile dans les cégeps et les universités.

Au cabinet du premier ministre, au troisième étage de l'édifice Honoré-Mercier, ce sera désert toute la semaine: M. Charest est en vacances en Europe, et tout le personnel profite d'ultimes journées de congé. À compter de la semaine prochaine, M. Charest entreprendra un marathon d'annonces et de tournées en région qui ne devrait réellement cesser que le jour du vote.

D'autres dates, qui posaient toutes problème, ont été envisagées. Un scrutin le 10 septembre supposait que le vote par anticipation chevauche la fin de semaine de la fête du Travail. Même si la loi électorale est plus souple que par le passé, cette opération importante pour le PLQ est difficile durant ce congé. Un scrutin le 17 septembre causait un problème aussi puisque la communauté juive célèbre ce jour-là le Rosh Hashanah, l'une des fêtes religieuses les plus importantes de l'année. Au-delà du 17, la campagne libérale devrait composer avec les révélations quotidiennes de la commission Charbonneau - une situation inconfortable, comme a déjà permis de le constater en juin la comparution de Jacques Duchesneau, ex-responsable de l'Unité anticollusion du ministère des Transports.

Départ de MacMillan

En attendant, les députés qui ont décidé de ne pas solliciter un autre mandat annoncent leurs intentions. C'est le cas de Norman MacMillan. Député de Papineau depuis 1989, le ministre d'État aux Transports a annoncé ce matin qu'il quitte son poste. Il avait eu un coup de sang dans le couloir du parlement quand La Presse avait annoncé son départ, au printemps. Un président de commission scolaire prendra le relais comme candidat du PLQ dans ce bastion libéral.

Un candidat a déjà été choisi par le PLQ dans Marguerite-Bourgeoys, ce qui rend inéluctable le départ de Clément Gignac pour une circonscription de Québec. À la surprise générale, le ministre lorgne Taschereau, représentée par Agnès Maltais depuis 1994. Avec la nouvelle carte électorale, la circonscription ne comprend plus le secteur plus populaire de Limoilou et empiète désormais sur l'ancien territoire de Jean-Talon, vieux bastion libéral. M. Gignac, originaire de Québec, habite dans Taschereau.