Le Parti québécois croit que le gouvernement a fait une erreur en accordant un prêt de 58 millions $ pour la relance d'une mine d'amiante dans les Cantons-de-l'Est.

Cinq jours après l'annonce de l'aide financière par le ministre libéral local, la députée péquiste Martine Ouellet, porte-parole en matière de mines, a fait part de ses inquiétudes.

Mme Ouellet a déclaré mercredi qu'il n'est pas judicieux de consacrer des fonds publics à la relance de Mine Jeffrey, à Asbestos, alors que les risques de maladies liées à l'amiante ont entraîné son interdiction dans de nombreux pays.

«C'est une erreur d'investir, surtout avec un prêt de 58 millions $, pour soutenir sur un respirateur artificiel une industrie qui est dénoncée à travers la planète», a-t-elle dit lors d'une entrevue.

Selon la députée, la viabilité de l'entreprise est hypothétique et le gouvernement aurait mieux fait d'investir dans la diversification économique de la région au lieu de soutenir le redémarrage de la mine.

«Nous ce qu'on demande, c'est que l'équivalent de cet argent-là soit investi dans la diversification économique, a-t-elle dit. On n'a pas à utiliser de l'argent public pour maintenir de façon artificielle une industrie qui est moribonde.»

Alors que le dossier de l'amiante s'est révélé politiquement délicat dans le passé, Mme Ouellet n'a pas hésité à répéter qu'elle doute de la possibilité d'utiliser l'amiante de manière sécuritaire, au Québec ou à l'étranger.

Plus tôt cette année, ces affirmations avaient valu à la péquiste des critiques de la part du député du Bloc québécois André Bellavance, qui représente la circonscription fédérale de Richmond-Arthabaska, où se trouve Mine Jeffrey.

L'aide financière à Mine Jeffrey a été annoncée vendredi dernier par le ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, Yvon Vallières, aussi député libéral sortant de la circonscription provinciale de Richmond.

Un candidat péquiste d'une circonscription de la région, Réjean Hébert, avait réagi défavorablement à l'annonce, tandis qu'un député péquiste voisin, qui sera candidat dans la circonscription redessinée de Richmond, Étienne-Alexis Boucher, s'en était plutôt réjoui.

Tout en niant que l'aide financière à Mine Jeffrey pouvait être liée à d'éventuelles élections d'ici la fin de l'été, le premier ministre Jean Charest avait relevé, mardi, ces contradictions dans les rangs péquistes.

Chose inhabituelle, le PQ a mis cinq jours pour réagir à l'annonce de vendredi dernier. Lors de l'entrevue, Mme Ouellet a voulu dissiper toute impression que ce délai pourrait avoir été causé par des divergences d'opinion chez les péquistes.

«L'amiante au Québec, il y a 75 pour cent des gens qui sont contre l'utilisation de l'amiante, a-t-elle dit. La position, ça fait longtemps qu'on en a discuté et c'est une position que même Mme Marois, en 2011, a annoncée, qu'il n'y aurait pas de financement public tant qu'il n'y aura pas de commission parlementaire (sur les risques). On était inquiet pour tout le volet santé.»

Mme Ouellet a souligné que M. Boucher s'était lui aussi montré favorable à une diversification économique de la région.

Alors que des doutes ont été soulevés sur la possibilité d'utiliser l'amiante de manière sécuritaire dans des pays en développement comme l'Inde, principal marché d'exportation de Mine Jeffrey, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est montré rassuré, mercredi, par la mise en place d'un processus de vérification indépendant.

«Pour ce qui est des ventes à l'extérieur, dans les ententes qu'on fait avec les fournisseurs, on met en place des mécanismes de surveillance pour assurer que l'utilisation de l'amiante est sécuritaire», a-t-il dit lors d'un point de presse.

Mais Mme Ouellet a émis de sérieux doutes sur le processus de vérification ainsi que les possibilités de manipuler les fibres d'amiante chrysotile sans danger pour la santé.

«C'est de la poudre aux yeux. On n'est même pas capable d'avoir une utilisation sécuritaire au Québec, ça c'est l'Institut national de la santé publique qui l'indique dans son rapport 2011», a-t-elle dit.

Le ministère du Développement économique de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE) a indiqué mercredi que les clients de Mine Jeffrey devront chaque année se soumettre à la vérification. L'entreprise qui sera chargée de mener l'opération n'a pas été choisie mais les frais seront assumés par Mine Jeffrey ou ses clients.