Il voulait être le «ministre du bonheur», il est en passe de devenir le «ministre de la sagesse». Après six ans en politique, l'ancien péquiste converti est manifestement devenu l'homme fort du gouvernement Charest.

Il n'y a guère de décision à Québec sur laquelle il ne laisse son empreinte. Même le titulaire de l'Agriculture, Pierre Corbeil, s'est rendu compte rapidement que Bachand, qui, dans le passé, a travaillé chez Metro-Richelieu, n'était pas un néophyte en matière d'alimentation. Au printemps, tout le Québec s'est d'ailleurs polarisé autour d'un geste poussé par le ministre des Finances: la hausse des droits de scolarité était prévue dans son budget de 2011, confirmée dans celui de mars dernier.

«Modéré», finit-il par dire, quand on lui demande quel adjectif le décrit le mieux. À 64 ans, Raymond Bachand a décidé de ne pas rentrer dans ses terres. Il sera là aux prochaines élections, avec comme objectif le dépôt du «budget du déficit zéro» au printemps 2013.

«La politique est un métier beaucoup plus dur aujourd'hui qu'il y a six ans, quand j'ai décidé d'en faire. Le manque de respect envers les élus, à l'Assemblée nationale, autant d'attaques personnelles, sur l'intégrité... Cela a eu un écho un peu partout dans la société», a-t-il observé cette semaine.

«Vous ne m'avez pas vu souvent balayer un problème sous le tapis, résume-t-il. Je ne prends pas de décision pour régler un problème pour deux ou trois ans, je me préoccupe du long terme, des conséquences pour mes enfants. La vraie décision, c'est le financement à long terme du réseau universitaire», dit-il.

Devant les étudiants, Raymond Bachand faisait sans contredit partie des faucons de l'aile plus dure, comparativement à Line Beauchamp, qui a préféré partir plutôt que de parrainer le projet de loi 78. Le gouvernement a mis passablement d'eau dans son vin et étalé les hausses. «Je suis un social-démocrate, insiste Bachand. Il y a un seul ministre de la Santé au Canada qui peut compter sur une augmentation de budget de 5% par année pour les cinq prochaines années», illustre-t-il.

Mais en même temps, «du côté économique, il faut qu'il rentre le cash... Il faut créer la richesse», conclut-il.