En ce jeudi soir, les députés péquistes célèbrent la fin de session dans un restaurant du Vieux-Québec. Yves-François Blanchet n'y est pas. Même s'il dit entretenir de bonnes relations avec ses collègues, il ne cherche pas forcément d'amis. «Comme je suis l'ancien gérant d'Éric Lapointe, les attentes étaient grandes quand je suis arrivé à l'Assemblée nationale [en 2008], poursuit-il en riant. Mais les gens ont vite réalisé que je suis un gars plate. Je me couche tôt et je me réveille à 5 h le matin.»

Sa précédente carrière lui a par contre donné une riche expérience en gestion de crise. Ce fut utile au PQ. Pendant que des collègues claquaient la porte, priaient pour éviter la disparition du parti ou demandaient des alliances électorales pour sauver les meubles, lui croyait que le PQ gagnerait les prochaines élections. Et fidèle à sa chef Pauline Marois, il n'hésitait pas à répondre à ceux qui affutaient leurs couteaux. Quand Bernard Landry a publié en janvier dernier une charge contre «la gouvernance souverainiste», il a offert cette réponse lapidaire: «Il a rédigé sa lettre dans le but que Gilles Duceppe remplace Mme Marois.»

L'automne dernier, un collègue l'a baptisé «le goon». «Ma mèche est notoirement pas très longue», admet-il. Il assure néanmoins «ne pas aimer taper sur les gens» et préférer le travail plus posé en commission parlementaire.

Actif sur les réseaux sociaux, il interpelle parfois des journalistes et les sondeurs, dont il dénonce «la place démesurée dans le débat public». «Un micro, un crayon, ça vient avec une responsabilité. J'ai beaucoup de respect pour le métier, mais il y a des insignifiants qui sont payés pour remplir de l'espace publicitaire», lance-t-il au sujet de certains chroniqueurs.

L'anthropologue de formation a succédé à Pierre Curzi dans le dossier de la langue. Il est aussi critique en matière d'immigration, un autre dossier identitaire important pour le PQ. Sa pugnacité irrite souvent ses vis-à-vis, les ministres Christine St-Pierre et Kathleen Weil. Il croit que le «paradigme linguistique» s'est inversé. «Parler français ne semble même plus être un avantage sur le marché du travail, s'inquiète-t-il. C'est l'anglais qui devient nécessaire.»

Yves-François Blanchet ne semble pas douter de ses aptitudes intellectuelles. Est-il suffisant? La question l'amuse. «Je n'ai pas une si bonne opinion de moi-même, répond-il. Mais j'aime mieux me faire traiter d'arrogant que de sot.»