Le fabricant canadien Imperial Tobacco Canada Ltée a dénoncé vendredi «l'hypocrisie» du gouvernement du Québec qui a lancé une poursuite en justice contre l'industrie du tabac à qui il réclame 60 milliards de dollars, une somme record au Canada.

Le Québec, qui veut recouvrer les coûts passés et futurs du tabagisme pour son système de santé, «cherche à se faire du capital politique tout en oubliant qu'il a été un partenaire principal de l'industrie du tabac pendant des décennies», a déclaré Donald McCarty, vice-président aux Affaires juridiques d'Imperial Tobacco Canada, filiale du groupe British American Tobacco.

«Les gouvernements nous ont mis sous licence, ils nous ont taxés, de même que nos consommateurs, et ils nous ont réglementé alors qu'ils étaient pleinement conscients des risques associés à l'usage du tabac», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le Québec a engagé sa requête en vertu d'une loi adoptée en 2009, lui permettant de récupérer les coûts du tabagisme pour la collectivité. L'industrie du tabac conteste cette loi, Imperial Tobacco Canada y voyant une violation de son droit à «un procès juste et équitable».

«Nous fabriquons un produit légal, lourdement réglementé et taxé. Les gouvernements du Québec et d'autres provinces canadiennes retirent davantage de la vente de tabac que les compagnies de tabac», a dit M. McCarty.

Cette affirmation a toutefois été contredite par la Société canadienne du cancer qui fait valoir qu'«au-delà des cancers, des morts et des souffrances, le tabagisme coûte très cher aux Québécois. L'impact du tabagisme est de 4 milliards de dollars par année en coûts directs et indirects, alors que les taxes ne rapportent au coffre québécois que 850 millions de dollars», a déclaré une porte-parole de la société, Mélanie Champagne, dans un communiqué.

L'organisation s'est dite «soulagée que le gouvernement du Québec intente enfin un procès aux fabricants de produits du tabac».