Les équipements de sport, les garderies et maintenant les écoles religieuses. Michelle Courchesne a été attaquée hier sur un nouveau front: sa promesse, faite il y a trois ans, d'être ferme à l'égard d'écoles privées, de confession juive ou musulmane, qui ne dispensent pas le programme prévu par le ministère de l'Éducation.

Autre journée difficile pour la ministre de l'Éducation à l'Assemblée nationale, hier. Bombardée depuis une semaine avec les constats du vérificateur général sur l'attribution des subventions pour les équipements sportifs, Mme Courchesne a subitement été prise à revers avec d'anciennes controverses - l'attribution des permis de garderie, mais surtout les subventions aux écoles confessionnelles.

Selon le critique en matière d'éducation de la Coalition avenir Québec (CAQ), Éric Caire, Mme Courchesne avait promis en 2009 de retirer le permis des établissements privés dont l'enseignement n'était pas conforme au régime pédagogique. Or, trois ans plus tard, ces établissements fonctionnent toujours; pire encore, certains ont vu leur subvention annuelle augmenter, a soutenu M. Caire.

Malgré un avis défavorable de la Commission consultative de l'enseignement privé, l'école Mesifta a évité une réduction de sa subvention grâce à une intervention du cabinet de la ministre. Elle avait reçu trois avis lui demandant de se conformer au régime pédagogique québécois, a relevé M. Caire. Au Trésor, on a précisé hier que la subvention est actuellement de 474 000$ et qu'à défaut de se conformer au régime pédagogique en septembre prochain, l'école s'exposait à «des sanctions».

La ministre Michelle Courchesne, durant son premier passage à l'Éducation, avait pourtant martelé: «J'ai fixé une date: septembre 2009. Si ce n'est pas réglé, deux choses vont se passer: il n'y aura plus d'argent et des procédures judiciaires vont être entreprises. C'est clair depuis le début», a rappelé M. Caire.

Sans pouvoir préciser ces mesures, Mme Courchesne a souligné que «des procédures sont en cours». En fait, il semble que la seule poursuite, selon le Trésor, est le recours en Cour supérieure contre l'école juive Académie Yeshiva Toras Moshe.

Selon Éric Caire, l'Académie culturelle de Laval, école musulmane, a aussi bénéficié d'une augmentation de subvention. Or, «bizarrement, on constate que 60% des administrateurs de l'établissement ont donné collectivement 38 000$ au Parti libéral», a lancé le député de la CAQ. Selon le Trésor, cet établissement n'est pas admissible aux subventions du Ministère.

Équipements sportifs et places en garderies

Le Parti québécois (PQ) a encore hier fait ses choux gras des constats du vérificateur général révélés dans son rapport de la semaine dernière. Michel Samson a attaqué la gestion du Fonds pour le développement du sport, une enveloppe de 350 millions. Théâtral, le député péquiste Bertrand St-Arnaud a brandi en même temps un autre rapport, de l'ancien vérificateur Renaud Lachance, qui avait critiqué la même ministre sur l'attribution des places de garderie.

Pour le député péquiste, il est inexcusable que le cabinet politique de la ministre ait décidé de rejeter 418 dossiers de demande de subvention. Selon Mme Courchesne, toutefois, aucun projet n'a été subventionné s'il ne correspondait pas aux normes du programme, et dans les dossiers mis de côté, «bon nombre ne sont pas admissibles».

Selon Sylvain Pagé, député péquiste de Labelle, le nombre de terrains de soccer synthétiques dans la liste des projets subventionnés soulève des questions. Les soumissions faisaient en sorte qu'un seul produit se qualifiait, celui de Field Turf. Or, les coûts au mètre carré variaient parfois de 50%. «C'est quand même incroyable, on parle de coûts plus élevés que pour les stades de la NFL», a lancé M. Pagé.

Finalement, Mme Courchesne a dû essuyer les attaques sur un troisième front, l'attribution de places en garderie. Une famille de la circonscription de Fabre - que représente Mme Courchesne - a obtenu 70 places à Montréal alors que Mme Courchesne gérait ce dossier, «malgré une évaluation négative du Ministère, et dans un territoire en surplus de places». La famille Barbato a contribué 16 000$ à la caisse du PLQ, et a eu en retour «une subvention annuelle de 700 000$ à vie», a soutenu le député péquiste Nicolas Girard.

Cette fois, c'est la ministre de la Famille, Yolande James, qui a répondu, en se contentant de rappeler que le député Nicolas Girard avait lui aussi demandé, par lettre, qu'une garderie de sa circonscription soit subventionnée en dépit du verdict des fonctionnaires.