Après les places en garderie, la ministre Michelle Courchesne est plongée dans une autre controverse, cette fois au sujet de l'attribution de subventions pour des infrastructures sportives.        

Mardi, elle a refusé de dire pourquoi son cabinet politique a tenu à choisir les projets qui seraient analysés par ses fonctionnaires. Mais elle a précisé que les projets subventionnés provenaient à parts égales de circonscriptions détenues par le gouvernement et l'opposition. C'est une preuve, selon elle, qu'il n'y a pas eu de favoritisme.

Dans un rapport déposé la semaine dernière, et passé quasi inaperçu en raison du conflit étudiant, le Vérificateur général Michel Samson a révélé de graves lacunes dans la gestion du Fonds pour le développement du sport. Entre 2006 et 2010, 418 des 918 projets de construction déposés au ministère de l'Éducation ont été rejetés d'emblée par le cabinet politique sans même avoir fait l'objet d'une analyse de la part des fonctionnaires.

Or ces projets «ont trait à des organismes, à des installations et à des travaux similaires à d'autres projets qui ont été subventionnés (...). Ainsi, rien ne motive à notre avis cette absence d'analyse», écrit le Vérificateur général. Selon lui, «c'est sûr qu'il y a une certaine iniquité là-dedans».

Pourquoi les projets se sont retrouvés d'abord au cabinet politique, avant avoir fait l'objet d'une analyse de la part des fonctionnaires ? « Je ne peux pas répondre à cette question-là », a laissé tomber Michelle Courchesne mardi.

«Moi, sincèrement, pour la période que j'ai été là (entre 2007 et 2010), je n'ai eu que les recommandations analysées sur mon bureau, et j'ai approuvé les dossiers qui devaient être approuvés après les analyses», a-t-elle ajouté, refusant d'expliquer le rôle joué par son personnel politique.

Elle a toutefois justifié, longuement, le rejet de 418 projets par son cabinet. Parmi eux, 267 prévoyaient la construction de bâtiments neufs. Or le programme d'Ottawa ne prévoyait dans ce cas aucune subvention, et Québec a donc décidé de les rejeter « pour ne pas se priver de l'argent du fédéral», a expliqué Mme Courchesne. D'autres projets avaient été déposés au ministère des Affaires municipales et étaient déjà admissibles pour le programme mis sur pied par celui-ci, a ajouté la ministre. Toujours selon elle, des projets de rénovation d'arénas ont été écartés parce que son cabinet savait qu'un autre programme de subvention était en préparation aux Finances pour remplacer le fréon. D'autres demandes de subventions concernaient des installations non admissibles, comme « les centres de ski, les centres communautaires, les parcs urbains », a-t-elle dit.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le député péquiste Bertrand Saint-Arnaud a accusé le cabinet de la ministre d'être «intervenu dans la sélection des projets sportifs comme il l'a fait dans l'attribution des places en garderie». «Les dossiers arrivaient du cabinet politique avec des indications sur les projets choisis, des signes sur les dossiers. Ça nous rappelle les fameux post-il libéraux de Chantal Landry quant à la nomination des juges», a-t-il lancé.

Michelle Courchesne a répliqué que 189 millions de dollars en subventions ont atterri dans des circonscriptions de l'opposition, contre 190 millions dans celles représentées par le PLQ. « S'ils appellent ça de la discrétion, qu'ils viennent nous dire qu'ils n'en voulaient pas (de subventions). Il n'y a aucune discrétion » politique, a-t-elle plaidé.

Dans ses interventions sur le rôle joué par le bureau de Mme Courchesne, Bertrand Saint-Arnaud a évoqué le nom de Jean-Sébastien Marineau, qui a été chef de cabinet de 2007 à janvier 2009. Mme Courchesne l'avait congédié pour « bris de confiance ». Elle avait téléphoné plus tard à la Sûreté du Québec en prenant connaissance d'allégations de trafic d'influence concernant son ancien chef de cabinet.

« M. Marineau n'était pas dans le dossier (des infrastructures sportives) à ma connaissance, pas du tout », a affirmé Mme Courchesne.

Des sources libérales avaient confié à La Presse en décembre 2010 que M. Marineau intervenait lourdement dans les dossiers visant la construction de terrains de sport à surface synthétique.