Le premier ministre Jean Charest semble avoir de la difficulté à retenir les femmes dans son conseil des ministres.

Au lieu de progresser, la place des femmes au sein du gouvernement régresse, car l'écart avec les hommes s'accentue.

Depuis qu'il a formé le premier gouvernement paritaire hommes-femmes du Québec en 2007, M. Charest n'a cessé de s'éloigner de cet idéal.

Actuellement, après neuf ans de pouvoir, son équipe, désormais formée de 25 ministres, compte 15 hommes et 10 femmes, et n'a jamais été si loin de l'objectif.

Au fil des ans, en termes de pourcentage, la proportion 50-50 s'est donc mutée en 60-40 au profit de ces messieurs.

De plus, ce sont les femmes occupant les fonctions les plus importantes et influentes qui ont démissionné en cours de route: Nathalie Normandeau (Ressources naturelles et vice-première ministre), Monique Jérôme-Forget (Finances et Conseil du trésor) et, cette semaine, Line Beauchamp (Éducation et vice-première ministre).

Avec le départ de Mme Beauchamp de la vie politique, cette semaine, la portion féminine du comité des priorités, déjà faible, est devenue congrue.

Sur 12 membres, trois étaient des femmes et Mme Beauchamp en était vice-présidente. Il n'y en a plus que deux à y siéger: Michelle Courchesne (ministre de l'Éducation et présidente du Conseil du trésor) et Julie Boulet (Emploi et Solidarité sociale).

Il s'agit certainement d'un recul de la part d'un premier ministre qui se montrait si fier, en 2007, de présenter à la population le premier gouvernement paritaire de l'histoire du Québec.

Il disait alors vouloir instituer une tradition. Mais la tradition aura été de bien courte durée.

Le recul a débuté en juin 2009, à l'occasion d'un remaniement faisant pencher la balance du côté des hommes, désormais à 14 contre 12 femmes.

M. Charest déclarait alors: «Je vous le dis avec regret, je dois renoncer temporairement à la parité du Conseil des ministres». Il disait vouloir rétablir la parité «le plus rapidement possible».

La préoccupation du premier ministre pour l'égalité hommes-femmes s'est étendue aux sociétés d'État, alors que son gouvernement instaurait en 2006 l'obligation légale de compter au moins 50 pour cent de femmes à leur conseil d'administration, au plus tard en 2011.

Le résultat est mitigé. Cinq ans après l'adoption de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, le gouvernement annonçait en novembre dernier avoir atteint la parité entre hommes et femmes aux conseils d'administration de ces organismes. Cependant, cette performance est en fait une moyenne car neuf sociétés d'État sur 22 n'ont toujours pas encore atteint le chiffre magique, même si elles ont eu cinq ans pour se conformer à la loi.

Dans la chaise du président, encore aujourd'hui, il y a beaucoup plus de chances de trouver un homme qu'une femme. Car la proportion des femmes à la tête des sociétés d'État a tendance à régresser, ayant passé de 34 à 26 pour cent ces dernières années.