Les francophones moins fortunés semblent moins souverainistes. Selon un sondage CROP réalisé une semaine avant le référendum de 1995, c'est chez les gens qui gagnaient moins de 40 000$ par année qu'on trouvait le moins de francophones souverainistes, à 51,9%. Ceux qui gagnaient plus de 80 000$ étaient souverainistes à 65,1%.

Les francophones moins fortunés semblent moins souverainistes. Selon un sondage CROP réalisé une semaine avant le référendum de 1995, c'est chez les gens qui gagnaient moins de 40 000$ par année qu'on trouvait le moins de francophones souverainistes, à 51,9%. Ceux qui gagnaient plus de 80 000$ étaient souverainistes à 65,1%.

Cela a changé, dit la sociologue Claire Durand. En janvier 2010, un autre sondage CROP a révélé que les francophones les plus riches (80 000$ et plus) sont désormais aussi peu souverainistes que les plus pauvres. Ils seraient 39,4% à voter Non. Le résultat chez les plus pauvres (40 000$ et moins): 42,9%. Seule constante: c'est encore chez les francophones qui gagnent entre 60 000 et 80 000$ par année qu'on trouve le plus de souverainistes.

Éducation: le renversement générationnel

Chez les francophones âgés de 55 ans et plus, un diplôme universitaire est associé à un vote pour le Oui. C'est le contraire dans la cohorte précédente, constate la sociologue Claire Durand à partir d'un sondage CROP daté de 2010. Parmi les francophones âgés de 35 à 54 ans, la majorité (51,6%) des non-diplômés universitaires se disait souverainiste. La barre baissait toutefois à 40,1% chez les diplômés universitaires.

Le phénomène inverse s'observe chez les 55 ans et plus. La moitié de ceux qui ont fait des études (49,7%) voteraient Oui. Ceux qui n'ont pas de diplôme universitaire sont moins souverainistes. Seulement 37,2% d'entre eux voteraient Oui. Chez les 18-34 ans, on n'observe pas de différence statistiquement significative entre les diplômés et les autres (42,4% et 44,9%).

Montréal et le reste du Québec

La population de Montréal change; ses opinions politiques aussi. En 1995, l'île de Montréal était plus souverainiste que le reste du Québec, explique Claire Durand. On y comptait 59,8% d'appuis au Oui, comparativement à 55,4% dans le reste du Québec. Ce n'était plus le cas en 2010. On comptait 43,1% de souverainistes à Montréal, et 44,2% dans le reste du Québec.

La fatigue des artistes

De quoi le mouvement souverainiste a-t-il besoin? De plus d'artistes, a dit récemment l'ancien premier ministre Jacques Parizeau à Marie-France Bazzo. Ils sont moins engagés aujourd'hui. À l'automne 2009, l'Union des artistes (UDA) a mené un sondage auprès de ses membres. «On dit souvent que les artistes sont souverainistes, a alors souligné son président, Raymond Legault. Nous voulions nous baser sur des faits, et non sur des perceptions, pour guider nos actions sur la place publique.».

Lors de ce sondage téléphonique, 58% des membres de l'UDA se sont dits souverainistes. Près de un sur cinq (18%) ne l'était pas, et 23% ont refusé de répondre à la question. Selon M. Legault, les dernières données sur ce sujet dataient de 1990, soit le pic historique du mouvement souverainiste. À l'époque, environ 90% des artistes voulaient voter Oui.

Les membres de l'UDA ne veulent pas que leur syndicat prenne position sur la question référendaire. Ils sont 56% à s'opposer à ce que l'UDA fasse la promotion de la souveraineté (33% très défavorables, 23% assez défavorables). Dans le camp opposé, 20% sont assez favorables, et 19% très favorables.