Le gouvernement Charest investira cette année 23 millions de dollars de moins que promis dans les soins aux personnes âgées, accuse le Parti québécois.

Mercredi, pour la deuxième journée consécutive, la chef Pauline Marois a talonné le gouvernement au sujet du rapport percutant qu'a rendu public la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, la semaine dernière. Mme Saint-Germain se dit «vivement préoccupée» par le manque de services de soutien à domicile.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, Mme Marois a relevé que le gouvernement s'était engagé l'an dernier à consacrer 200 millions de dollars de plus aux soins aux aînés en 2012-2013. Or, le budget présenté le 20 mars prévoit des investissements additionnels de 177 millions. C'est 23 millions de moins que promis.

En commission parlementaire, mardi, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a confirmé l'information. «Au lieu du 200 millions, c'est 177 millions, mais on en ajoute. On en ajoute de façon considérable», s'est-il défendu.

Rappelons que La Presse a indiqué le mois dernier que Québec n'avait investi en 2011-2012 qu'une fraction des 150 millions qu'il avait promis dans son plan de services intégrés pour les personnes âgées.

«Est-ce que le premier ministre peut mettre moins d'emphase à embellir son action, plus d'énergie à s'assurer que les sommes nécessaires au maintien à domicile soient réelles, existantes, disponibles pour les aînés?, a lancé Pauline Marois au Salon bleu. Je crois que nos aînés méritent minimalement la franchise.»

Jean Charest a répliqué que le gouvernement avait augmenté de 70% les dépenses pour les soins à domicile depuis son arrivée au pouvoir, en 2003. «On est rendus à plus de 1 milliard. Je pense que ça se compare très bien à la chef de l'opposition officielle, qui a passé la tronçonneuse dans le système de soins de santé lorsqu'elle était là», a-t-il tonné. Raymonde Saint-Germain note dans son rapport que les sommes allouées au soutien à domicile au Québec étaient «bien en deçà» de la moyenne canadienne en 2003, à la fin du régime péquiste.

De son côté, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a expliqué que les investissements sont moindres en raison du temps nécessaire à la mise en oeuvre pour arriver à 200 millions de plus par année.

Dominique Vien, ministre déléguée aux Services sociaux, et Marguerite Blais, responsable des aînés, ont quant à elles rappelé qu'une nouvelle politique, Vieillir chez soi, sera déposée ce printemps. Pauline Marois déplore qu'il faille cinq membres du gouvernement «pour avoir une réponse». «Je pense qu'il y a trop de ministres et pas assez de services», a-t-elle pesté.

La députée péquiste Carole Poirier a soulevé l'ire des libéraux en affirmant : «Depuis qu'ils sont là, ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont mis des clowns pour aider nos aînés.»

«Je voudrais dénoncer la situation: elle a ri des activités qui se passent dans nos CHSLD», a répliqué Yves Bolduc. Il a vanté les mérites des activités qui servent à «divertir» les personnes âgées. «Je vais vous donner un exemple: cette semaine, je suis allé dans un CHSLD, je suis allé à celui de Saint-Léonard-Saint-Michel. On a vu des gens qui s'occupaient des personnes âgées et, entre autres, elles flattaient un phoque, un phoque mécanique. Et les gens appréciaient», a-t-il dit.

Dans son rapport, Raymonde Saint-Germain dénonce «le nivellement vers le bas des heures de services allouées» et les longues listes d'attente. Elle observe que des fonds consacrés au soutien à domicile sont détournés à d'autres fins, notamment pour rétablir l'équilibre budgétaire.

En 2010, Québec s'est fixé comme objectif d'augmenter de 10% d'ici à 2015 les heures de services à domicile pour les personnes âgées en perte d'autonomie. Or, depuis deux ans, la hausse n'a été que de 0,8% (70 000 heures).