Le Parti québécois se dit tout à fait prêt à prendre la responsabilité des ponts fédéraux qui enjambent le fleuve Saint-Laurent, à condition que cela s'accompagne d'une pleine compensation.

«Un transfert des infrastructures doit se faire dans les règles de l'art, a indiqué Pauline Marois en conférence de presse, lundi. C'est leur propriété, ils les ont laissées se détériorer alors ils vont les transférer en assumant l'investissement que ça prend pour les refaire, pour les reconstruire.

«On ne les prendra pas dans l'état où ils sont et ils ne se laveront pas les mains de leur responsabilité, a-t-elle précisé. Mais qu'on les prenne je n'ai aucun problème avec ça.»

Le dernier appel d'offres touchant la préparation du dossier d'affaires de l'ouvrage qui doit remplacer le pont Champlain demande également au soumissionnaire d'analyser le financement et la gouvernance de ce pont ainsi que du pont Jacques-Cartier, de la portion fédérale du pont Honoré-Mercier et du tunnel de Melocheville.

Récemment, toutefois, le ministre provincial des Transports, Pierre Moreau, a exprimé réticence à prendre cette responsabilité, une réaction qui démontre un manque de courage, selon Pauline Marois.

«Ils sont très frileux, M. Moreau et son gouvernement», a laissé tomber la chef péquiste, qui voit là une belle occasion de faciliter les démarches dans l'avenir.

«Ça facilite la coordination de toutes les politiques de transport sur Montréal. On sait qu'il y a eu des bévues à un moment donné à cet égard parce que l'un allait dans un sens et l'autre dans l'autre», a-t-elle ajouté.

Pauline Marois, qui rencontrait la presse lundi pour inviter les Québécois à participer à la marche du jour de la Terre, le 22 avril prochain, accueille par ailleurs avec prudence la possibilité qu'Ottawa cède au Québec la responsabilité des évaluations environnementales.

Le budget fédéral présenté la semaine dernière parle en effet de ramener à une seule les évaluations environnementales autour de projets de mise en valeur de ressources naturelles, une idée à laquelle Mme Marois n'est pas fermée, bien au contraire, mais qui l'inquiète quant à ses motivations réelles.

«Nous voulons avoir toute la responsabilité en matière d'évaluation environnementale, mais c'est évident que c'est pour essayer de court-circuiter le temps nécessaire pour faire des évaluations. Or, nous ne sommes pas d'accord avec ça. Parce que ça veut dire sans doute d'y aller un peu plus en surface et faire en sorte que certains projets, qui présentent des lacunes importantes, puissent passer sous le rader et être acceptés», a-t-elle expliqué.

Mme Marois affirme que jamais le Parti québécois ne se fera complice d'une telle démarche. Elle ajoute qu'un tel transfert de responsabilités doit aussi se faire avec pleine compensation financière.

«Je ne suis réfractaire à aucun transfert de responsabilité, avec compensation, ça va de soi. Il me semble que c'est la logique même. Mais tous les transferts qu'ils veulent nous faire, on va les prendre avec l'argent qui va avec», a-t-elle dit.