Le gouvernement Charest va donner le feu vert pour que les milliers d'ordinateurs des ministères et des réseaux de la santé et de l'éducation migrent vers la nouvelle version de Windows 7, de Microsoft. Un contrat de plus de 1 milliard de dollars, mais une occasion ratée de réaliser d'énormes économies, observent les partisans du logiciel libre.

Le Conseil du Trésor vient de prévenir l'ensemble des ministères qu'ils ne pourront renouveler leurs ordinateurs isolément. Ils devront participer à la migration générale et lancer des appels d'offres que coordonnera le Conseil du Trésor. Le passage à la nouvelle version laisse potentiellement une place, minuscule, aux logiciels libres - ils auront une chance de se qualifier dans quelques «projets-pilotes», mais rien n'est acquis pour la formule «ouverte», bien moins coûteuse.  

Québec est forcé de procéder par appel de soumissions publiques. L'an dernier, la Cour a jugé illégale la démarche de la Régie des rentes, qui a renouvelé ses licences Microsoft sans soumissions.

Actuellement, les ministères et les réseaux utilisent le logiciel Windows XP. Pour changer le parc informatique, d'importantes sommes sont en jeu. Les coûts s'élèvent à près de 2000$ par poste de travail, et on en compte plus de 600 000 dans l'ensemble de l'administration publique québécoise - un pactole de 1,128 milliard, selon un document obtenu par La Presse. Le matériel représente 10% de l'opération et la licence, 19%, mais la «migration», soit le soutien et la formation, totalise 71% de la facture.

Grâce à cet appel de soumissions, le gouvernement «veut diminuer sa dépendance à un seul fournisseur, à un environnement en particulier». Les ministères ont été avisés de ne pas renouveler leurs licences et d'attendre des directives, explique-t-on au cabinet de Michelle Courchesne, responsable du Trésor.

Dans quelques organismes (le Trésor, la Commission de la santé et de la sécurité du travail et la Commission de protection du territoire agricole), on envisage de scinder l'appel d'offres: une partie concernerait le système central de l'organisme - la base de données de la clientèle, par exemple -, et la deuxième, les systèmes «légers», c'est-à-dire les postes où l'on ne fait que de la bureautique, par exemple. Les logiciels libres seraient en meilleure position pour remporter l'appel d'offres pour ces postes, prévoit-on.



Réaction


Cyrille Béraud, président de la Fédération québécoise des communautés et industries du libre (FQCIL), se fait prudent. «Encore une fois, on doit donner la chance au coureur, mais ça fait bien des fois. On désespère, dit-il. Les politiciens se sont bien souvent engagés à une ouverture pour le logiciel libre, mais quand on parle aux fonctionnaires, on comprend que tout va migrer vers Windows 7.»

Il ne se fait guère d'illusions. Sans une décision plus musclée, les ministères vont continuer de renouveler à prix fort leurs licences Microsoft pour le système d'exploitation.