Les discussions entre Pauline Marois et Pierre Curzi qui devaient ramener le député de Borduas au PQ ont avorté. Mme Marois ne veut pas s'engager à présenter une nouvelle Charte de la langue française, ni confier à nouveau le dossier de la langue à l'ancien comédien.

Il compte terminer son mandat comme député indépendant, mais il ne sera pas candidat aux prochaines élections. Des questions de santé dans son entourage ont contribué à sa décision de mettre fin à sa carrière politique, a appris La Presse.

L'ancien comédien l'a fait savoir ce matin dans son blogue. «J'annonce aujourd'hui que j'entends terminer mon mandat comme député indépendant de la circonscription de Borduas. Je ne réintègre pas le caucus du Parti Québécois».

«Mme Marois et le PQ souhaitaient mon retour. Je n'étais pas fermé», laisse tomber l'ancien comédien, dont la démission avec celles de Louise Beaudoin et de Lisette Lapointe, début juin 2011, avaient mis le feu aux poudres et donné le coup d'envoi à des mois de dissensions au sein des élus péquistes. Curzi avait été déchiré avant de décider de traverser le Rubicon toutefois. Il s'était même senti mal et s'était isolé dans un bureau un bon moment avant de se rentre à la conférence de presse fatidique, ont confié des témoins.

Avec Mme Marois, «on cherchait une entente qui soit solide. Je souhaitais ravoir le dossier de la langue, et j'étais conscient que c'était très délicat pour Mme Marois, que c'était plus que ce qu'elle pouvait accorder. Dès ce moment-là, cela devenait pour moi difficile», a-t-il expliqué hier. Responsable du dossier linguistique, M. Curzi avait souvent poussé dans le dos de sa chef; il est à l'origine de la décision du PQ d'imposer les règles de la loi 101 à l'admission au collégial - ce que ne souhaitait pas Mme Marois initialement. Il avait aussi pris des positions étonnantes en dénonçant le choix du Britannique Paul McCartney pour souligner le 400e anniversaire de la Ville de Québec. Il avait également vu un complot anglophone dans la sélection des joueurs du Canadien de Montréal.

Mais Mme Marois a tout de même tenté de ramener au bercail ce politicien charismatique, apprécié par les militants. Toutefois, elle n'a jamais évoqué un changement de responsabilité à l'actuel détenteur du dossier linguistique, Yves-François Blanchet, a appris La Presse par ailleurs.

«Il a eu des propositions et des contre-propositions de part et d'autre, mais on n'est pas arrivés à une entente. Je considère que ma vie à l'intérieur du parti pourrait être décevante pour moi et pour le parti. Donc je crois que c'est inutile», a résumé hier M. Curzi.

«Mme Marois et moi, on s'est dit: quitter un caucus, c'est quelque chose, mais revenir c'est très délicat. Je comprends qu'elle est dans une situation délicate où elle a fait l'unité avec les gens qui sont restés», s'explique-t-il.

Projet de nouvelle Charte

Mme Marois était et reste, précise-t-il, toujours favorable au dépôt d'une nouvelle Charte de la langue française, un engagement du PQ sur lequel M. Curzi planchait depuis des mois. Il déposera tout de même son projet, à la fin du mois de mars, mais il sera probablement plus audacieux que celui envisagé au PQ, «La Charte à l'intérieur ou à l'extérieur (du PQ), ce ne sera pas tout à fait la même Charte», résume-t-il.

Pas question pour lui de se présenter à nouveau comme indépendant ou sous une autre bannière. «J'attirerais une partie du vote et je ferais passer un autre candidat. Ce ne serait pas honnête: la majorité des gens ici sont souverainistes et péquistes.»

Au caucus péquiste, il est clair que le retour de Curzi aurait été un passage délicat. Bien des élus auraient grincé des dents, mais se seraient rendus à la décision de Mme Marois. «Je suis conscient que certains auraient été contents et que d'autres n'auraient pas manifesté trop de joie! C'est normal, mais je pense que le temps aurait à la longue pansé les blessures», estime-t-il.