Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, se défend de cibler le travail des journalistes en autorisant une enquête sur la divulgation illégale d'informations dans l'affaire Davidson.

«C'est le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui nous a demandé d'initier une enquête. Deuxièmement, il demande de voir s'il y a eu des divulgations illégales, il ne parle pas des journalistes», a-t-il déclaré jeudi à l'entrée du caucus libéral, réuni à Victoriaville.

M. Dutil n'a toutefois pas infirmé qu'on pourrait demander à des journalistes de témoigner pour nommer leurs sources, et qu'on pourrait même les placer sur écoute policière. «La loi va s'appliquer comme elle s'applique dans toutes les enquêtes», s'est-il contenté de répondre.

La Sûreté du Québec a annoncé mercredi qu'elle entamait une enquête sur les fuites d'informations confidentielles dans l'affaire Davidson. Cette taupe du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a essayé de vendre une liste ultra secrète d'informateurs. Des fuites sur l'enquête se sont retrouvées dans différents médias.

Il est inhabituel que le DPCP demande au ministre de la Sécurité publique de mandater la police pour faire une enquête. Le seul précédent récent est le cas Chara-Pacioretty. M. Dutil a accepté cette demande controversée.

«Le ministre de la Sécurité publique, dans le cadre de la loi actuelle, ne peut pas s'opposer véritablement à une demande du DPCP, un organisme tout à fait indépendant, qui estime qu'il doit y avoir une enquête», justifie le ministre.

«Si je disais non au DPCP, je serais critiqué encore plus violemment», soutient-il. Il dit vouloir limiter son rôle à celui «d'une simple courroie de transmission».

Cela lui permettrait de ne pas «politiser le dossier». «Les enquêtes policières se font sans intervention du gouvernement», a-t-il insisté.

Il n'a pas voulu expliquer en quoi les fuites auraient pu nuire aux enquêtes. Le chef du SPVM, Marc Parent, n'a pas davantage été en mesure de le faire jeudi. «Le DPCP estime qu'il y a pu avoir des divulgations illégales, alors il demande une enquête. Ce n'est rien d'autre que ça», a dit M. Dutil.

Est-il davantage préoccupé par les fuites aux journalistes ou par la gestion au SPVM de la liste d'informateurs? Le ministre a répondu qu'il ne juge pas nécessaire de déclencher une enquête indépendante sur le travail du SPVM dans l'affaire Davidson. «Quand il y a des personnes blessées ou tuées par les forces policières, je décrète des enquêtes indépendantes, a-t-il indiqué. On n'en est pas là. Moi, j'ai confiance dans le SPVM.»

Les fuites dans différents médias témoignent-elles d'une frustration des policiers à propos du fonctionnement à l'interne? «Je ne veux pas parler des policiers en général, je veux parler de tous les métiers: tu peux avoir des frustrations dans ton travail, n'importe qui peut en avoir. Mais ça ne justifie pas des gestes illégaux», a répondu le ministre.