Jacques Duchesneau rencontrera le Directeur général des élections (DGE) au début de février. L'ancien patron de l'Unité anticollusion (UAC) doit lui transmettre des renseignements en vue d'une enquête sur ses allégations de financement occulte des partis politiques.

Il y a deux semaines, La Presse a signalé que ces allégations contenues dans le rapport Duchesneau ne faisaient encore l'objet d'aucune enquête. Le DGE Jacques Drouin n'a pu commencer son travail en raison d'un imbroglio avec le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, qui a congédié M. Duchesneau en octobre. Un porte-parole de M. Lafrenière précisait que l'Unité anticollusion, intégrée à l'Unité permanente anticorruption (UPAC), refusait de donner le nom de témoins ou de donateurs potentiels à des caisses occultes. M. Lafrenière s'en remettait à Jacques Duchesneau pour aider le DGE. M. Duchesneau se disait prêt à collaborer même s'il a laissé tous les dossiers à l'UAC en raison de son licenciement.

Peu de temps après les reportages de La Presse, un représentant du DGE a pris contact avec M. Duchesneau. «Une rencontre est prévue au début de février», a confirmé le porte-parole du DGE, Denis Dion. On ignore la nature exacte des renseignements que doit transmettre M. Duchesneau. Notons toutefois qu'il confirmait à La Presse, à la mi-janvier, que des témoins qui se sont confiés à lui lors de son enquête à l'UAC souhaitent parler au DGE.

Stratagème

Dans le rapport Duchesneau dévoilé en septembre, un ingénieur explique, sous le couvert de l'anonymat, que les «extras» demandés par des firmes au ministère des Transports font partie d'un stratagème pour constituer des caisses électorales occultes. Un ex-conseiller politique témoigne sur les liens entre le financement politique et l'industrie de la construction. Devant une commission parlementaire le 27 septembre, Jacques Duchesneau a ajouté qu'une dizaine de firmes seraient impliquées dans des élections municipales «clés en main»: elles se chargent de l'organisation de la campagne d'un candidat - du financement à la publicité - dans le but d'obtenir ensuite des contrats. Il n'a nommé ni les firmes ni les municipalités concernées. Son rapport ne contient aucun nom. L'UAC a recueilli le témoignage de 500 personnes en 18 mois d'enquête, selon M. Duchesneau.

L'UPAC a des choses à dire

De son côté, l'UPAC a informé tout récemment le DGE qu'il a des renseignements à lui transmettre «au sujet du financement des partis politiques», a indiqué Denis Dion. La porte-parole de L'UPAC, Anne-Frédérick Laurence, a refusé de donner des détails. Elle s'est contentée de dire que «des rencontres avec le DGE sont prévues prochainement». M. Dion n'en a pas dit davantage. Il a seulement souligné que le DGE, après pris connaissance des renseignements, «pourrait mener des vérifications puis des enquêtes».