L'arrivée d'un ancien chef de cabinet de Robert Bourassa au sein de la Coalition avenir Québec (CAQ) ne change rien au fait que le nouveau parti de François Legault est noyauté par des souverainistes, a déclaré jeudi le premier ministre Jean Charest.

Les libéraux ont ainsi tenté de minimiser le recrutement de Mario Bertrand, à titre de conseiller spécial de M. Legault, des fonctions bénévoles qu'il exerce depuis cette semaine.

Lors d'une conférence de presse où il a fait le point sur la situation économique, M. Charest a insisté sur la distance prise par M. Bertrand au cours des dernières années.

«Il a quitté le Parti libéral il y a de cela plusieurs années, avant que j'arrive, a-t-il dit. Ça ne change pas le fait que la CAQ est une organisation qui est noyautée par les souverainistes.»

Au cours des derniers mois, M. Charest a multiplié les attaques contre M. Legault, un ancien ministre péquiste, en l'accusant d'être «un souverainiste de gauche».

Le porte-parole de la CAQ, Jean-François Del Torchio, a affirmé que M. Bertrand, qui a été directeur de cabinet du premier ministre Bourassa dans les années 1980, est toujours fédéraliste.

«M. Bertrand a toujours milité au Parti libéral mais il n'a plus sa carte de membre depuis 20 ans, a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique. Mais oui, c'est un fédéraliste.»

L'annonce de l'arrivée de M. Bertrand survient quelques jours après la décision du député François Rebello de quitter les rangs péquistes pour rejoindre le caucus de la CAQ, qui doit être créé en vue de la prochaine rentrée parlementaire, en février.

M. Rebello avait causé un certain embarras pour la CAQ en présentant son nouveau parti comme «le meilleur instrument pour réaliser la souveraineté», des propos que M. Bertrand a décrit cette semaine comme une «erreur de parcours», dans une entrevue à La Presse.

Soutenant que d'autres membres de la CAQ sont fédéralistes, M. Del Torchio a nié que l'annonce de l'arrivée de M. Bertrand permet de rétablir l'équilibre entre les deux options.

«Il n'est pas question de contrepoids», a-t-il dit.

Plus tôt, le ministre des Finances Raymond Bachand a affirmé que la décision de M. Bertrand s'explique par ses liens avec le cofondateur de la CAQ, l'homme d'affaires Charles Sirois.

En se rendant à une réunion du conseil des ministres, M. Bachand a soutenu que M. Bertrand est un proche de M. Sirois.

«C'est un ami de Charles Sirois. C'est un très proche de Charles Sirois, a-t-il dit aux journalistes. Je pense que ça explique tout.»

M. Bertrand a été chef de cabinet de Robert Bourassa de 1986 à 1990. Par la suite, il a notamment été président et chef de la direction de Télé-Métropole, puis chargé d'affaires chez Telesystem International, une entreprise appartenant à M. Sirois.

Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Yvon Vallières, a de son côté attribué l'arrivée de M. Bertrand à la CAQ à l'agitation qui caractérise la scène politique québécoise.

«Il y a beaucoup de mouvance en ce moment au plan politique, a-t-il dit. Tout véhicule que les gens choisissent pour s'exprimer, c'est leur choix et c'est le choix que M. Bertrand a fait.»

M. Vallières a soutenu que l'arrivée dans les rangs de la CAQ de M. Bertrand démontre qu'il est encore difficile de saisir les orientations de ce nouveau parti.

«C'est vraiment une alliance qui est arc-en-ciel et dans certains cas qui va être circonstancielle, a-t-il dit. Alors voyons la suite des choses.

«Il y a beaucoup de stratégie qui est en train de se passer au niveau politique dans ce parti en particulier. Moi j'ai encore de la difficulté à saisir le fondement même, les valeurs qui vont y être véhiculées.»