Il n'y a présentement aucune négociation officielle pour des alliances électorales entre le PQ et Québec solidaire, assure sa présidente, Françoise David. Et selon elle, les membres du parti de gauche n'en veulent pas.

Elle confirme qu'un «émissaire du PQ» a reçu le mandat de Mme Marois de discuter de pactes de non agression. Ce n'était pas un député ou un membre du cabinet de Mme Marois, précise-t-elle. L'émissaire a rencontré les deux co-porte-paroles de Québec solidaire en novembre. «C'était une rencontre exploratoire. Ils testaient notre intérêt, ils voulaient savoir si ça vaudrait la peine ou non d'entamer des discussions. On était très, très loin d'une proposition de négociations. On a répondu qu'on n'avait pas de mandat de nos membres pour ça. Il y a une majorité de nos membres qui ne sont pas d'accord avec une idée de pactes», raconte Mme David.

Aucun vote n'a été fait à ce sujet à Québec solidaire. Mais il y a néanmoins eu «des débats importants», ajoute-t-elle.

La cochef a malgré tout dit à l'émissaire que si le PQ présentait une proposition en bonne et due forme, QS la soumettrait à ses membres. Aucune proposition n'a encore été présentée depuis. Ce fut la seule rencontre.

Cette semaine, le péquiste Bernard Drainville s'est à nouveau inquiété pour la survie du PQ. Il plaidait pour une réforme des institutions et pour des alliances stratégiques avec Québec solidaire. Ces alliances prendraient la forme de pactes de non agression. Les deux partis souverainistes, et peut être aussi Option nationale, se laisseraient la voie libre dans certaines circonscriptions pour battre le PLQ et la CAQ.

Pauline Marois militait pour de telles alliances en 2005. Elle s'y objecte maintenant. Deux des membres de l'exécutif du parti y sont toutefois favorables.

Ce matin dans Le Devoir, une source anonyme rapportait que Mme Marois y serait redevenue favorable, minimisant ainsi le défi lancé par M. Drainville. «J'ai été un peu surprise en lisant cela», avoue Mme David.

On précisait toutefois que même si Mme Marois envisageait des alliances, elle refusait de présenter toute proposition en ce sens la semaine prochaine au conseil national élargi à Montréal.

Françoise David prévoit se présenter à nouveau dans Gouin aux prochaines élections. Son investiture est déjà faite. Elle y affrontera une des vedettes du caucus péquiste, Nicolas Girard, ce qui irrite plusieurs membres du PQ. «Je me suis présentée deux fois dans Gouin, c'est mon comté, je m'y implique depuis plus de 30 ans et le PQ sait depuis 18 mois que je vais m'y présenter à nouveau», lance Mme David, en laissant entendre que le PQ aurait pu lui faire une proposition s'il était sérieux.

Le PQ se dit en analyse

Une «analyse est en cours» au PQ sur les alliances, a réagi le parti cet après-midi dans un bref communiqué. «La question d'alliances possibles entre le Parti Québécois et d'autres forces souverainistes et progressistes fait l'objet de discussions au sein du caucus et de l'équipe de Pauline Marois depuis plusieurs semaines», y lit-on.

Selon ce communiqué, Mme Marois a demandé en décembre à son équipe «d'évaluer plus concrètement les pistes de rapprochement possibles» et de «procéder à une analyse fine des avantages et des inconvénients que cela pourrait comporter».

Le PQ explique que l'objectif de la démarche est d'élire un maximum de députés souverainistes.

Pierre Curzi, qui a démissionné du PQ en juin, dit craindre lui aussi pour la division du vote souverainiste. «Ce sur quoi je travaille, c'est à faciliter un pacte électoral entre le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale», a-t-il indiqué aujourd'hui en interview.

Jusqu'ici, il n'a eu que des «rencontres» avec Québec solidaire. «Mon inquiétude, c'est qu'il y ait division du vote souverainiste et progressiste, explique M. Curzi. Ça m'apparaît important de travailler à un pacte électoral.»

Des risques, croit Blanchet

Le député péquiste Yves-François Blanchet explique qu'il faut interpréter prudemment la position de son parti. «On confond deux choses: vouloir discuter et être d'accord d'emblée avec la conclusion. Ce n'est pas parce que Mme Marois veut discuter qu'elle est forcément d'accord avec des pactes de non agression», indique-t-il.

Il ne voit pas que des avantages à de telles alliances. Il met en garde contre une mathématique simpliste, selon laquelle une alliance PQ-QS permettrait d'additionner les votes pour ces deux formations. «Les électeurs traditionnels du PQ ne sont pas forcément intéressés à voter pour Québec solidaire. Il y a un risque qu'une telle alliance les incite à voter pour la CAQ, qui a des positions centristes sur certains enjeux», prévient-il.

Il ne semble pas apprécier que Québec solidaire dévoile publiquement la teneur de leurs conversations. «Il y a un risque avec la négociation publique. C'est de pervertir les pourparlers au profit de l'action partisane», dit-il.

De son côté, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, s'est permis quelques railleries sur le sujet. «J'ai compris en décembre que Mme Marois ne voulait pas de Québec solidaire comme alliance. J'ai compris hier que Mme Marois n'en voulait pas. Et j'ai appris aujourd'hui qu'elle travaillait (à une alliance) pendant qu'elle disait qu'elle n'en voulait pas. Elle avait traité M. Rebello de menteur. Je trouve qu'on est dans ce même horizon-là», a-t-il affirmé.

- Avec Tommy Chouinard