Le gouvernement Charest veut fermer un peu les vannes de l'immigration, ce qui conduirait surtout à une baisse des nouveaux arrivants originaires de l'Afrique.

Québec envisage d'accueillir 50 000 immigrants par année de 2012 à 2015, selon un document de consultation déposé jeudi par la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil. Or, 54 000 nouveaux arrivants se sont installés ici en 2010. Et ce devrait être le même nombre cette année. La cible qu'il s'était fixée pour la période 2008-2011 s'élevait même à 55 000.

La proposition du gouvernement représente «une légère diminution», a reconnu du bout des lèvres Kathleen Weil en conférence de presse. Elle préfère dire que le gouvernement veut «stabiliser» le volume des admissions. «Mais ces 50 000, c'est quand même un volume important», a-t-elle dit.

Mini-baby-boom

En 2007, Québec avait critiqué le Parti québécois et, surtout, l'Action démocratique du Québec qui recommandaient de limiter le nombre d'immigrants admis à 50 000 et 46 000 respectivement jusqu'en 2011. «Cinquante mille, ce n'est pas le résultat de commentaires de tout un chacun de l'externe, c'est par rapport à nos besoins. Ce n'est pas un exercice politique, c'est un exercice démographique, économique», a plaidé la ministre.

Pour justifier la diminution, elle a fait valoir que l'Institut économique du Québec ne prévoit plus une décroissance de la population à partir de 2031 en raison du mini-baby-boom des dernières années. Elle a affirmé que la cible permettra de combler les besoins de main-d'oeuvre, alors que 740 000 emplois seront à combler d'ici 2014. Mais, surtout, elle a reconnu que le gouvernement veut se donner de «l'oxygène» pour intégrer en emploi les immigrants déjà installés ici. Notons que le taux de chômage des immigrants s'élève à environ 13% (7,7% pour l'ensemble des Québécois). Selon Mme Weil, la nouvelle cible «tient compte de la capacité d'accueil de la société québécoise».

L'an dernier, le vérificateur général reprochait justement au gouvernement d'augmenter année après année le nombre d'immigrants admis sans savoir si le Québec est capable de les accueillir et de les intégrer en emploi. Le ministère de l'Immigration «n'utilise pas d'indicateurs socioéconomiques pour cerner» cette capacité. Le processus de sélection comporte d'importantes lacunes, ajoutait-il.

Limite par région

Québec veut limiter à un maximum de 30% la proportion des immigrants provenant de chacun des «bassins géographiques». Cette mesure entraînerait une baisse des nouveaux arrivants en provenance de l'Afrique, qui ont représenté 36,8% de l'ensemble des immigrants admis en 2010, selon le document de consultation. Ils proviennent surtout du Maghreb. Les deux principaux pays d'origine des immigrants sont le Maroc et l'Algérie.

Kathleen Weil s'est défendue de cibler le Maghreb en particulier. Elle a toutefois souligné que le gouvernement veut une plus grande «diversité» quant à la provenance des immigrants. Questionnée pour savoir s'il est «plus compliqué» d'intégrer les Maghrébins au marché du travail, elle a reconnu que «des données montrent qu'il y a un enjeu là» et qu'«il faut trouver des solutions». La révolte dans les pays arabes et la question de la confession religieuse n'ont pas été des facteurs pris en compte par le gouvernement en fixant un seuil de 30%, a précisé Mme Weil.

Un meilleur français

Le gouvernement Charest veut toujours que la majorité des immigrants admis connaissent le français (65% en 2010). Le niveau de connaissance est toutefois très variable.

Québec souhaite d'ailleurs «augmenter le niveau de connaissance du français chez les candidats de la catégorie des travailleurs qualifiés». Il propose également de porter à 50% la proportion des immigrants de cette catégorie qui détiennent une formation dans des secteurs où les besoins de main-d'oeuvre sont importants.