«Que Maxime Bernier vienne à Montréal!» Plusieurs politiciens, dont la chef péquiste Pauline Marois, ont vivement dénoncé les propos tenus par le député conservateur Maxime Bernier sur l'utilité de la loi 101. Des propos controversés dont le gouvernement Harper semble vouloir se dissocier.

«Le gouvernement Harper respecte les compétences des provinces», a déclaré le directeur des communications du premier ministre, Dimitri Soudas, dans un courriel envoyé aux médias.

Lors d'une entrevue à la station de radio Halifax News 95,7, vendredi, Maxime Bernier s'est interrogé sur l'utilité d'une loi pour protéger la langue française au Québec. Il commentait alors la possibilité d'ouvrir la porte aux investissements étrangers et aux entreprises de télécommunications étrangères au Canada. «C'est comme au Québec, nous n'avons pas besoin de la loi 101 pour protéger la langue française, a-t-il déclaré. Ils savent que nous parlons français au Québec et que nous parlerons français encore longtemps, je crois bien.»

En marge du congrès régional du Parti québécois de Montréal-Centre tenu le week-end dernier, Pauline Marois a condamné les propos tenus par Maxime Bernier. Elle a invité le député de Beauce à visiter Montréal plus souvent en ajoutant que si la loi 101 n'avait pas existé, la population serait «déjà en train de s'assimiler». Mme Marois a fait valoir que plusieurs propositions du PQ visent à renforcer la présence du français au Québec et à en faire la véritable langue «commune et officielle» de la province.

«M. Bernier a vraiment perdu une bonne occasion de se taire, a pour sa part réagi la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David. La loi 101 est au Québec pour rester. On en a besoin. Elle est indispensable. Elle a beaucoup rendu service depuis qu'elle a été adoptée. Il n'est pas question de la laisser aller.»

La ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, a elle aussi exprimé son désaccord avec la position du député conservateur. «C'est même irresponsable de dire des choses comme celles-là, parce que la façon dont le Québec s'est bâti, au cours des 400 dernières années, et la façon dont le Québec va continuer à se bâtir, c'est en protégeant sa langue et son identité», a-t-elle affirmé.

Bernier persiste et signe

Maxime Bernier a décidé de répliquer à ses nombreux détracteurs, dimanche, dans un billet mis en ligne sur son blogue. Il a réitéré sa position tout en spécifiant qu'elle n'impliquait aucunement son parti ou son gouvernement.

«Je ne m'attendais pas à susciter une telle tempête en réitérant ma croyance qu'on devrait laisser les gens agir comme des individus libres et responsables, y compris lorsqu'il est question de protéger leur langue, au lieu de s'en remettre à la coercition étatique pour le faire à leur place», a-t-il écrit. «Oui, il est important que le Québec demeure une société majoritairement francophone. Et idéalement, tout le monde au Québec devrait être capable de s'exprimer en français. Mais nous ne devrions pas chercher à atteindre cet objectif en restreignant les droits et la liberté de choix des individus», a-t-il ajouté.

La loi 101 a été adoptée en 1977 par le gouvernement de René Lévesque pour protéger la langue française au Québec. Aucun des gouvernements qui ont suivi n'a contesté la validité de cette loi.

Il est «troublant qu'il n'y ait personne sur la scène politique québécoise pour représenter cette majorité silencieuse qui voudrait moins de lois contraignantes et plus d'incitations positives pour promouvoir l'utilisation du français tout en s'ouvrant à l'anglais. Que peut-on en conclure, sinon que c'est une indication claire que notre vie politique a quelque chose de dysfonctionnel?» s'est interrogé M. Bernier.

-Avec la collaboration de Daphné Cameron et de La Presse Canadienne