Les fonctionnaires sont estomaqués et les partis d'opposition crient au scandale, après avoir pris connaissance des montants versés en salaires au personnel politique du gouvernement.

Il faut en conclure que le gouvernement Charest prend les contribuables québécois pour des «guichets automatiques», selon la chef par intérim de l'Action démocratique du Québec, Sylvie Roy.

«C'est absolument scandaleux», renchérit Sylvain Simard, le porte-parole de l'opposition officielle, en matière d'administration publique.

En ces temps économiques difficiles, «le gouvernement devrait être le premier à donner l'exemple», ajoute-t-il.

Leurs commentaires font suite aux révélations faites dimanche par La Presse Canadienne, selon lesquelles la masse salariale mise à la disposition des cabinets ministériels a augmenté de près de 30 pour cent depuis l'élection des libéraux en 2003, passant de 18,9 millions $ à 26,4 millions $.

Il n'en fallait pas plus pour que Mme Roy qualifie l'attitude du gouvernement en la matière de «mépris» envers la population et «d'insouciance». «C'est indécent», a-t-elle résumé, lundi, lors d'un entretien téléphonique.

Elle note aussi que le gouvernement a fait grimper la facture de salaires des employés politiques de 3,8 millions $, peu avant d'annoncer dernièrement une hausse de la taxe de vente et des tarifs pour 2011, et alors que les Québécois sont déjà lourdement taxés.

«La moutarde me monte au nez!», ajoute la députée, très en colère contre le gouvernement.

Du côté du Parti québécois, on juge surtout que le gouvernement fait preuve d'arrogance, en agissant de la sorte.

«C'est une autre manifestation qu'on sent tous de l'arrogance de ce troisième mandat libéral, (d'un gouvernement) qui se fiche absolument des contribuables», selon M. Simard.

Interrogé à ce propos, alors qu'il était en conférence de presse dans le dossier du CHUM, à Montréal, le premier ministre Jean Charest a défendu ses choix.

Il a dit qu'avec 18 ministres, son gouvernement précédent ne suffisait pas à la tâche. Il a donc fait passer le conseil des ministres de 18 à 26 membres, en décembre dernier, «et de toute évidence cela coûte plus cher».

Il a justifié ce choix par la taille du territoire québécois et le contexte économique.

«Je ne présenterai pas d'excuses pour cette décision, surtout en cette période de défis économiques», a-t-il dit.

Mais cela n'a pas convaincu les fonctionnaires du gouvernement, qui rappellent que le gouvernement a fixé lui-même, sans négocier, leurs salaires et conditions de travail.

Le porte-parole du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Christian Daigle, s'est dit «estomaqué», en constatant ce qu'il qualifie de «double discours» du gouvernement.

Le SFPQ pense que le gouvernement devrait donner l'exemple sur le plan des dépenses, avant d'entreprendre la prochaine ronde de négociations du secteur public.

«Qu'on ne vienne pas nous dire après ça qu'il faut réduire la taille de l'État, en s'attaquant aux services directs à la population», poursuit-il, en mettant en garde la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, contre toute tentative de s'en prendre aux fonctionnaires lors de la prochaine ronde de négociations du secteur public.

«Elle devra regarder dans sa cour en premier avant de s'asseoir et négocier», a-t-il fait savoir, par voie de communiqué.