Le gouvernement Charest se trompe quand il pense mettre entre parenthèses, pour un an, l'impact négatif des rendements de la Caisse de dépôt et placement sur les régimes d'assurance et de retraite comme la CSST ou la Régie des rentes.

Hier, au lendemain de la tempête créée par l'annonce des résultats de la Caisse de dépôt, le gouvernement Charest se voulait rassurant: pas question de majorer «cette année» les cotisations aux nombreux régimes d'assurance dont les réserves ont été saccagées en 2008.

 

Mandaté par Monique Jérôme-Forget pour faire des propositions sur l'ensemble de la tarification du gouvernement, l'économiste Claude Montmarquette estime que tous les régimes d'assurance dont les caisses sont administrées par la Caisse de dépôt devraient vite retourner à leur table à dessin pour réajuster leurs cotisations. Jusqu'ici, la Régie des rentes, la Société de l'assurance automobile et la Commission de la santé et de la sécurité du travail ont indiqué qu'elles n'auraient pas à revoir la contribution attendue des travailleurs ou des retraités, en dépit d'une baisse d'environ 25% de leurs fonds administrés par la CDP.

Les réserves de la Régie des rentes, de la CSST, des fonds de retraite des fonctionnaires et des employés de la construction se retrouvent sous pression. Mais au caucus libéral, hier, les ministres se succédaient pour prévenir qu'il n'y aurait pas de changement «pour cette année».

Claude Montmarquette voit les choses d'un tout autre oeil. «Si les corrections ne sont pas faites rapidement, on repousse le problème. À terme, il faudra des ajustements si brutaux qu'ils deviendront impossibles, politiquement, à mettre en place», prévient l'économiste de CIRANO, un groupe associé à l'Université de Montréal.

Il réprouve sans nuance, il va sans dire, la position de Pauline Marois qui suggérait un gel général des tarifs pour aider les contribuables à traverser la crise, quels que soient leurs revenus. Pour M. Montmarquette, la tarification reste le moyen le plus «efficace et équitable» de financer les services publics.

Pas de hausses «cette année»

«Les résultats de la Caisse n'ont cette année aucun effet. Les retraités doivent être rassurés, ils vont recevoir leur prestation de la Régie des rentes qui reçoit encore plus de cotisations qu'elle ne paie de prestations», dit Sam Hamad, le ministre de l'Emploi, responsable à ce titre de la Régie des rentes du Québec. Les rentes seront même indexées comme prévu cette année.

«Entre 2003 et 2007, les fonds de la Régie des rentes sont passés de 16 à 33 milliards. Ces placements sont toujours à long terme. Depuis sa création en 1966, le rendement de la Régie des rentes est de 8,5% en dépit des récessions et des krachs boursiers», soutient-il.

Il a confirmé qu'il faudrait attendre l'automne pour la consultation promise sur les grandes orientations du Régime de rentes . Avec le recul subi par la CDP en 2008, il faudra probablement hausser cette participation à 11%, confient des sources proches de ce dossier.

 

La Presse CanadiennePARIZEAU INTERVIENT

Jacques Parizeau estime que le gouvernement du Québec était conscient des déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec bien avant la dernière campagne électorale provinciale et qu'il aurait dû agir. M. Parizeau estime que Québec aurait dû discuter il y a un bon moment déjà d'un certain nombre de changements aux orientations de l'institution.Il a fait remarquer que les problèmes du papier commercial adossé à des actifs étaient connus dès 2007 et que les pertes sur papier de la Caisse étaient déjà de 9 milliards au troisième trimestre de 2008.