Un service commémoratif en l'honneur de l'ancien premier ministre de l'Alberta Ralph Klein a débuté vendredi au son des cornemuses et avec une tristesse évidente sur les visages des participants. Les sourires ont cependant rapidement remplacé les regards solennels, tandis qu'étaient partagées des anecdotes sur cet homme qui avait le coeur - et sa province - sur la main.

«Aux yeux des Albertains, il était «Roi Ralph'... mais nous le disions d'une telle manière que nous ne le pensions jamais!», a lancé le premier ministre canadien Stephen Harper, arrachant les rires des amis, collègues politiciens et concitoyens de l'ancien premier ministre albertain, réunis au Jack Singer Concert Hall.

«Il était «Roi Ralph» dans le sens qu'il était un personnage plus grand que nature. Mais de par sa personnalité et son comportement, il était en réalité, pour nous tous, «Citoyen Ralph'», a poursuivi M. Harper, générant les applaudissements de son auditoire.

«Il a annoncé ce qu'il allait faire et ensuite, il a fait ce qu'il avait annoncé. J'admire cela. Nous admirons tous cela.»

M. Klein est mort le 29 mars à l'âge de 70 ans, après une bataille contre la démence et une maladie pulmonaire.

Il fut premier ministre de l'Alberta de 1992 à 2006. Alors qu'il était au pouvoir, il a réussi à effacer la dette de 23 milliards $ de dette de l'Alberta, et il est considéré comme le porteur de flambeau de l'idéal de la prudence fiscale et de la nécessité de vivre selon ses moyens.

«Il est l'une de ces rares personnalités que vous croisez dans la vie qui peuvent être reconnues seulement par leur prénom, comme Elvis (Presley) ou Tiger (Woods)», a lancé l'ancien premier ministre de l'Ontario, Mike Harris.

«Vous disiez Ralph, et tout le monde savait de qui vous parliez au Canada», a ajouté M. Harris.

«Il était devant nous tous, c'est certain - et Ottawa - en matière d'équilibre budgétaire, d'élimination de la dette et de vivre en fonction de ses moyens, a aussi observé l'ancien premier ministre ontarien. Il avait une boussole qui le guidait. Avec Ralph, c'était simple: «voici ce que nous devons faire, maintenant, enlevez-vous de mon chemin pour que je réalise ce que je veux faire'.»

Mais M. Harris se souvient surtout de Ralph Klein le partenaire d'excursions de pêche, le joueur de cartes et le piètre golfeur.

«Le premier mot qu'il a appris au golf, c'est «mulligan'. Et il en a pris plusieurs!», a lancé Harris, suscitant lui aussi les fous rires.

Lors de son oraison funèbre, l'ancien premier ministre de la Saskatchewan Roy Romanow a dit se rappeler l'une des rencontres entre premiers ministres qui s'est transformée en «l'équivalent politique d'une bagarre générale au hockey» à propos du financement de l'assurance-maladie.

Éventuellement, a dit M. Romanow, les premiers ministres en sont venus à une entente supervisée par Ralph Klein.

Ce dernier a alors envoyé chercher de la nourriture chinoise et demandé «que nous la mangions en tant qu'amis et Canadiens d'un océan à l'autre liés par ce grand pays. Voilà qui était Ralph Klein».

Plus tôt, vendredi, avant la cérémonie, la dépouille de M. Klein a effectué un dernier déplacement symbolique en direction des bâtiments où ont été accomplies ses plus grandes réussites.

Ses cendres étaient entre les mains de sa veuve, Colleen, alors qu'elle acceptait un drapeau provincial au McDougall Centre, le bureau que M. Klein a occupé lorsqu'il dirigeait la province. Ledit drapeau flottait au-dessus de la législature lorsque M. Klein est décédé dans un centre hospitalier de soins de longue durée.

Dans la salle où avait lieu la cérémonie, les gens ont commencé à faire la file dès 7 heures, afin d'obtenir l'un des 1100 sièges disponibles pour le public. Jusqu'à 500 sièges supplémentaires avaient aussi été prévus pour les invités.

Le gouvernement albertain a proposé d'organiser des funérailles d'État, similaires à celles offertes à l'ancien premier ministre Peter Lougheed l'an dernier. Mais la famille a refusé cette requête, préférant plutôt tenir une cérémonie organisée par la Ville de Calgary.

La mort de M. Klein a suscité plusieurs déclarations d'affection d'un peu partout au pays. Plus de 1400 personnes ont transmis leurs condoléances en ligne sur le site du gouvernement et près de 1000 autres ont signé un recueil en personne.

«Ralph Klein disait des choses qui étaient colorées... un peu trop des fois», a déclaré l'ex-premier ministre fédéral Jean Chrétien.

«J'ai voyagé plusieurs fois en sa compagnie... il a été un bon premier ministre pour la province.»

«Il avait des traits de caractère qui sont assez uniques en politique, sa franchise, sa candeur, et tout ça», a ajouté l'ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, qui s'était déplacé pour l'occasion.

Sur la scène provinciale, M. Klein a aidé à guider les conservateurs vers l'obtention de quatre majorités électorales.