La fusion de l'ACDI avec le ministère des Affaires étrangères pourrait prendre plusieurs mois, et on ne sait pas encore si et combien de personnes perdront leur emploi. C'est ce que de hauts fonctionnaires de l'Agence et du Ministère ont expliqué à plusieurs centaines d'employés de l'Agence canadienne de développement international réunis au Palais des congrès de Gatineau, mercredi matin.

Le gouvernement Harper a discrètement annoncé dans son budget de la semaine dernière que l'ACDI fusionnerait avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI), pour former un nouveau ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD). Il a cependant donné très peu de détails sur ses intentions.

Ce matin, la présidente de l'Agence, Margaret Biggs, a expliqué aux employés que ces changements seraient vraisemblablement apportés par un projet de loi de mise en oeuvre du budget au cours des prochains mois. D'ici à ce que ce projet soit présenté et adopté, il demeure donc difficile de dire la forme que prendra cette réorganisation, et les délais qu'elle engendrera, a-t-elle dit.

Mme Biggs a cependant ajouté que la transition débuterait dès maintenant, puisque même une fois les changements sanctionnés, leur mise en oeuvre ne se ferait pas en claquant des doigts et qu'il resterait encore beaucoup de travail à accomplir.

Préoccupations

Plusieurs employés se sont rendus au microphone, lors de la rencontre de plus d'une heure, pour faire part de leurs préoccupations quant à divers sujets. Un potentiel changement des priorités de l'ACDI, passant de la lutte à la pauvreté à la promotion des intérêts économiques du Canada, a été mentionné à quelques reprises. Ces préoccupations font écho à de récents commentaires faits par le ministre responsable de l'Agence, Julian Fantino, et qui continuent de semer la controverse.

La présidente a expliqué que le budget avait clairement réitéré cet objectif de réduction de la pauvreté et que « l'aide de base au développement demeurera inchangée ». Elle a par ailleurs noté que même à l'heure actuelle, on pouvait faire valoir que tout ce que l'Agence faisait était dans l'intérêt à long terme du Canada.

Au sujet des compressions de personnel qu'une telle fusion pourrait engendrer, le sous-ministre des Affaires étrangères, Morris Rosenberg, a indiqué qu'il n'était pas en mesure de fournir une réponse à ce stade-ci. Mais il a lui aussi référé au budget, soulignant que l'annonce de la fusion n'avait pas été accompagnée de projections d'économies pour le gouvernement, et qu'il s'agissait plutôt d'un effort visant une meilleure coordination de l'action canadienne à l'étranger.

Interrogée sur le moment où ils arrêteraient d'utiliser le nom « ACDI » dans leurs opérations, Margaret Biggs a dit l'ignorer. Elle a souligné que l'agence possédait une bonne image de marque à travers le monde et que l'idée serait dorénavant d'agir de la même manière, mais au nom du gouvernement canadien.

Une employée de plus de 20 ans d'expérience a fait part de sa réticence face à ces changements, disant qu'elle était attachée à l'Agence et à son travail, et que le Canada perdrait une icône. Elle a ajouté qu'il s'agissait d'un véritable deuil pour elle et elle a été applaudie par l'assistance.

Processus ouvert et transparent

Les hauts fonctionnaires présents sur l'estrade ont par ailleurs incité les employés à garder l'esprit ouvert à l'égard de ces changements. Ils les ont invités à plusieurs reprises à ignorer les commentaires négatifs véhiculés dans les médias.

Ils ont insisté pour dire qu'il ne s'agissait pas d'une prise de contrôle, mais d'un processus planifié conjointement, au terme duquel la nouvelle organisation tiendrait compte des valeurs et des particularités de chacun de ses éléments.

Les hauts fonctionnaires ont promis de mettre en place un processus ouvert et transparent, et ont invité les employés à leur faire part de leurs questions et commentaires tout au long du processus.

Dans l'attente, ils les ont encouragés à poursuivre leur bon travail. La voix de Margaret Biggs a tressauté d'émotion lorsqu'elle a vanté le travail de ses troupes. Celles-ci ont été affectées par des compressions importantes et de nombreux changements d'orientations et de priorités au cours des dernières années.

Une rencontre semblable était prévue quelques minutes plus tard avec les employés du MAECI.