Le gouvernement Harper a déclaré la guerre aux provinces, en particulier au Québec, ont dénoncé les partis de l'opposition, hier, après le dépôt du budget Flaherty.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, accuse le gouvernement conservateur de créer de toutes pièces un conflit avec le Québec.

«C'est un affrontement voulu, a-t-il dénoncé. Ça fait partie de la gestion par crise - et non la gestion de crise - de la part des conservateurs. C'est une tentative de provoquer une onde de choc à nouveau et de provoquer une crise avec le gouvernement québécois.»

Il cite deux mesures qui heurteront le Québec de plein fouet. D'abord, la réforme des programmes de formation de la main-d'oeuvre, qui sera financée à même les sommes transférées aux provinces. Le gouvernement provincial sera ainsi privé de transferts atteignant 75 millions de dollars.

M. Mulcair déplore aussi l'élimination des crédits d'impôts dont bénéficient les fonds de travailleurs.

«En voulant s'assurer de coller une feuille d'érable sur le chèque, ils sont en train de faire un gâchis administratif, a dit Thomas Mulcair. Par ailleurs, le budget est en train de saccager ces pans que sont le Fonds de solidarité FTQ et le Fondaction de la CSN. Ça va avoir un effet dévastateur pour ces fonds qui, rappelons-le, créent des emplois et étaient des modèles de réussite au Québec.»

Le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, a abondé dans le même sens. Il s'insurge par ailleurs contre l'intention du gouvernement Harper de raviver le débat sur la commission nationale des valeurs mobilières. Le budget précise en effet qu'Ottawa proposera des mesures législatives à cet égard «si un accord ne peut être conclu en temps opportun avec les provinces».

La Cour suprême a déjà décrété que la réglementation des marchés était une compétence provinciale.

«Malheureusement, a dit M. Paillé, j'ai l'impression qu'on va se diriger vers de la chicane, de l'affrontement, sur des juridictions qui nous sont propres.»

Des doutes sur le retour à l'équilibre

Le chef libéral, Bob Rae, entrevoit lui aussi un conflit entre Ottawa et les provinces sur la formation de la main-d'oeuvre. Il estime que le gouvernement conservateur devrait plutôt collaborer avec les provinces, surtout lorsque vient le temps d'aider des travailleurs à obtenir une formation adéquate.

Il doute par ailleurs que le gouvernement Harper puisse atteindre le déficit zéro d'ici deux ans, lui qui mise sur la reprise économique et la lutte contre l'évasion fiscale pour équilibrer les livres.

«Ils ont des chiffres incroyablement roses si vous regardez les revenus anticipés pour les deux prochaines années, a raillé M. Rae. Ils présument que vous pouvez couper 60 millions dans le budget de l'Agence du revenu du Canada et, miraculeusement, que celle-ci recueille 1 milliard en revenus supplémentaires.»

La chef du Parti vert, Elizabeth May, a pour sa part dénoncé la manière dont le gouvernement Harper a présenté son budget. Elle estime que le document présenté aux Canadiens par le ministre des Finances, Jim Flaherty, ne permet tout simplement pas de savoir de quelle manière les différents ministères verront leurs enveloppes évoluer.

«J'ai lu tout le budget et je ne trouve toujours pas le budget de chaque ministère. Avec ce niveau d'ignorance pour tout le monde, qui va comprendre ce que M. Flaherty va faire avec le programme fiscal du Canada?»