La première ministre de l'Alberta, Alison Redford, était de passage hier à Ottawa afin de promouvoir une stratégie nationale en matière d'énergie. En entrevue avec La Presse, elle a soutenu que cette stratégie vise l'intérêt supérieur du pays, elle s'est félicitée de la collaboration avec le gouvernement péquiste de Pauline Marois et a fustigé le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, pour son opposition au projet de construction du pipeline Keystone XL.

Q: La Presse: Lors du Conseil de la fédération, vous avez convenu avec Pauline Marois de mettre sur pied un comité mixte pour étudier le projet d'inverser le flux de l'oléoduc 9b d'Enbridge (entre Sarnia et Montréal). Où en êtes-vous?

R: Alison Redford: Nous avons mis en place un très bon dialogue. Des fonctionnaires du gouvernement du Québec et du gouvernement de l'Alberta travaillent ensemble sur une base régulière. Il y a de bonnes informations qui sont partagées dans trois secteurs: le processus réglementaire, le développement économique (certaines décisions financières auxquelles les entreprises et les gouvernements devront prendre part, en matière de volume de pipeline, par exemple) et le troisième secteur est de considérer ce que j'appellerais le dialogue communautaire, pour que nous soyons capables de partager certaines de nos expériences.

Q: Vous avez également invité Mme Marois à vous visiter. Est-ce que ça se fera?

R: Je pense que oui. Elle est occupée et moi aussi! Mais je pense que ça va arriver. Nous n'avons tout simplement pas fixé de date encore.

Q: Est-ce que vous souhaitez l'emmener faire une tournée des projets d'exploitation des sables bitumineux?

R: Oui. [...] Si elle vient, je m'attends à ce qu'elle soit curieuse. Donc oui, j'aimerais bien le faire.

Q: Vous avez mentionné dans votre discours d'aujourd'hui [devant l'Economic Club à Ottawa] qu'il y a des discussions entre Mme Marois et David Alward au sujet de l'oléoduc qui traverserait le Québec jusqu'au Nouveau-Brunswick. Selon vous, comment vont ce projet et ces discussions?

R: Je pense que tout le monde s'assure que nous partageons de l'information, des idées et des approches en ce moment. Mais il y a encore beaucoup à faire. C'est un processus réglementaire. Et le gouvernement du Québec doit encore prendre une décision quant à l'ensemble du projet. Donc, nous ne présumons pas de quoi que ce soit... Nous ne faisons que parler entre nous énormément actuellement. Et ça se passe bien.

Q: Trouvez-vous en Pauline Marois une alliée - peut-être improbable - dans la mise en place d'une stratégie nationale de l'énergie?

R: Très souvent, dans l'histoire de l'Alberta et du Québec, il y a eu des partenariats très forts. [...] Il me semble que la raison pour laquelle nous nous entendons aussi bien est que nous pouvons déterminer ce qui est dans notre intérêt mutuel en matière de croissance économique et ce genre de choses. Et il semble que nous soyons sur la même longueur d'onde sur plusieurs de ces questions.

Q: Les impacts financiers du manque d'accès aux marchés pour le pétrole albertain pourraient-ils être ressentis par les provinces qui reçoivent des paiements de péréquation, dont le Québec et l'Ontario?

R: Oui. Et ce qui est très intéressant, c'est que les leaders de ces provinces sont clairement conscients du fait que ce n'est pas seulement une question de péréquation. C'est aussi une question de croissance économique. D'avoir ces raffineries au Québec va faire une différence. Ça va ramener beaucoup d'emplois. Ce sera très bon.