Faisant face à des coupes de personnel majeures décidées par le gouvernement Harper et à l'indifférence de la population devant ces pertes d'emplois, l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), section Québec, hausse le ton et lance une campagne publicitaire volontairement alarmiste, selon ses dirigeants.

Une première publicité dénonçant les compressions à l'Agence canadienne d'inspection des aliments est en ligne depuis jeudi sur YouTube et sur le site www.harperNOUSdeteste.ca, dont le seul nom en dit long sur l'état d'esprit des fonctionnaires. On y voit un homme préparer un hamburger dans une ambiance guillerette, qui devient progressivement angoissante sous une musique menaçante et un gros plan sur la boulette de viande. Puis, ce texte à l'écran: «56 millions$ de moins pour l'inspection des aliments. Les coupes du gouvernement Harper, nous allons tous y goûter.»

Au cours des prochaines semaines, trois autres spots seront mis en ligne, sur les compressions dans la sécurité aérienne, en environnement et à l'assurance-emploi, des sujets qui seront traités dans le même esprit de menace à la sécurité et aux services aux citoyens.

«Nous n'avons pas le choix d'être alarmistes parce qu'on a réalisé qu'avec ce gouvernement, malheureusement, nous devons être plus agressifs. Les conservateurs sont tellement habiles dans leurs communications qu'ils arrivent à faire croire aux gens qu'on peut abolir 20 000 postes, en bons gestionnaires, sans conséquences», explique Magali Picard, vice-présidente exécutive de l'AFPC-Québec.

Déterminé à rétablir l'équilibre budgétaire avant les prochaines élections, prévues à l'automne 2015, le gouvernement a imposé dans son dernier budget une cure amaigrissante à tous les ministères. Cette réduction de l'appareil de l'État aura forcément des répercussions sur la sécurité des Canadiens et sur les services publics auxquels ils ont droit, affirme l'AFPC.

Une campagne justifiée

«Je sais qu'on va se faire accuser de faire peur au monde avec nos publicités, mais quand on est gentils, on se fait accuser de juste vouloir protéger nos jobs, reprend Mme Picard. Je pense qu'il est temps d'avoir peur de Stephen Harper. Prenez l'inspection des aliments, par exemple: avec les coupes, nous sommes revenus au même nombre d'inspecteurs qu'avant la crise de la listériose. Ce n'est pas vrai que cela n'a pas de conséquence.»

La vice-présidente de l'Alliance ajoute que les syndicats de fonctionnaires n'ont pas le choix de changer de stratégie de communication, quitte à se faire accuser d'être alarmistes, pour contrer un certain courant médiatique très favorable aux compressions dans la machine étatique.

«C'est toujours payant politiquement pour un gouvernement d'abolir des postes de fonctionnaires. Et avec tout le temps d'antenne qu'on donne à des Mario Dumont ou à des Richard Martineau, nous ne pouvons faire autrement que de riposter», conclut Mme Picard.

Pour le moment, l'AFPC compte utiliser seulement les réseaux sociaux et son site internet pour diffuser ses messages publicitaires, mais elle n'exclut pas un recours aux médias traditionnels dans les semaines à venir.