Le Nouveau Parti démocratique se défend d'avoir torpillé le projet de construction du pipeline Keystone XL à la suite de la visite officielle du chef néo-démocrate Thomas Mulcair à Washington et New York cette semaine.

M. Mulcair n'a jamais exprimé son opposition à ce projet durant son voyage aux États-Unis, a souligné hier un stratège du NPD après que la leader des démocrates minoritaires à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, eut exprimé des réserves sur la construction de cet oléoduc, jeudi, à la suite d'une rencontre avec le chef du NPD.

M. Mulcair a évité de se prononcer parce qu'il ne souhaitait pas s'immiscer dans une décision qui repose entièrement entre les mains des autorités américaines, selon ce stratège néo-démocrate.

Considérée comme l'une des politiciennes les plus influentes dans les rangs démocrates à Washington, Mme Pelosi a exprimé des doutes sur les retombées économiques de ce projet proposé par TransCanada et qui doit être approuvé par le président Barack Obama d'ici la fin du mois de juin. «Les Canadiens ne veulent pas de ce pipeline dans leur propre pays», a aussi dit Mme Pelosi aux journalistes.

Ces commentaires ont semé l'inquiétude à Ottawa, où le gouvernement Harper multiplie les déclarations et les visites aux États-Unis depuis des mois pour faire pencher la balance en faveur du projet.

Mais le stratège du NPD, présent à la rencontre entre Mme Pelosi et M. Mulcair, a indiqué à La Presse que ce dernier n'a jamais tenu de tels propos au cours de la rencontre. M. Mulcair a uniquement fait valoir qu'un gouvernement néo-démocrate favoriserait un pipeline qui permettrait d'acheminer le pétrole albertain vers les provinces de l'Est.

«Nous n'avons jamais dit que les Canadiens sont contre Keystone. Nous avons simplement présenté ce que le NPD voulait, c'est-à-dire une capacité ouest-est. C'est elle [Mme Pelosi] qui l'a indiqué durant la rencontre, et elle l'a répété aux médias. C'est donc son interprétation à elle», a indiqué le stratège, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.

Indignation du gouvernement

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, s'est indigné hier du fait que la visite de M. Mulcair ait pu provoquer une telle réaction de la part de Mme Pelosi.

«Je n'ai pas assisté à la réunion et je ne suis pas certain de qui a dit quoi. Mais un fait demeure: Mme Pelosi a dit après la réunion que les Canadiens sont contre l'approbation des oléoducs au Canada et qu'ils préfèrent qu'ils soient construits aux États-Unis. Ce n'est pas vrai. Comment est-elle arrivée à cette idée immédiatement après une réunion avec M. Mulcair?», a dit M. Oliver à La Presse.

«M. Mulcair a refusé de dire s'il était pour ou contre, aux États-Unis. Mais c'est la politique officielle du NPD de s'opposer à Keystone. [...] Il n'est pas dans l'intérêt national d'avoir un leader de l'opposition officielle qui voyage à l'étranger pour dénigrer nos efforts environnementaux et s'opposer à ce projet», a-t-il ajouté.

Malgré les commentaires de Mme Pelosi, M. Oliver s'est dit «prudemment optimiste» de voir le projet approuvé.