Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a lancé une campagne d'appels automatisés contre le député transfuge Claude Patry, une tactique digne du Parti conservateur, selon le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé.

Lundi, des citoyens de la circonscription de M. Patry, Jonquière-Alma, ont été contactés par une centrale téléphonique pour leur rappeler la décision du député de se joindre à la formation souverainiste.

«La semaine dernière, il s'est moqué de vous et de tous les électeurs de Jonquière-Alma en quittant le NPD pour se joindre à un autre parti politique, peut-on entendre dans le message. Nous croyons que M.Patry devrait avoir le courage de ses convictions en démissionnant et en se présentant à une élection partielle.»

Les citoyens ont été invités à appuyer sur «1» pour faire connaître leur mécontentement au député.

«M.Patry a décidé de changer de parti politique sans demander l'avis des gens de la circonscription, a résumé la directrice nationale adjointe du NPD, Chantal Vallerand. Alors on a décidé de le faire à sa place.»

Le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, souligne que le Parti conservateur s'est justement retrouvé dans l'embarras pour une campagne d'appels automatisés lancée aux dernières élections fédérales.

Élections Canada mène une enquête sur les «robocalls», l'un des plus gros scandales à avoir mis à mal la réputation d'intégrité du gouvernement Harper.

Aux yeux de M.Paillé, le prédécesseur du chef néo-démocrate Thomas Mulcair n'aurait jamais approuvé cette tactique. «Jack Layton n'aurait pas fait ça, a dit M.Paillé. M.Mulcair suit les politiques harassantes du Parti conservateur.»

Il assure que le Bloc québécois ne recourra jamais à des appels automatisés pour promouvoir ses politiques. «Ça achale le monde, et on ne répondra pas par cela, a-t-il dit. On mène une campagne très positive, M.Patry et moi avons fait beaucoup de médias pour dire pourquoi il a décidé de suivre son coeur et ses convictions.»

Leçons retenues

Le NPD a été critiqué, l'an dernier, pour une campagne téléphonique lancée après la défection de la députée Lise St-Denis, qui s'est jointe au Parti libéral. Les messages enregistrés étaient de nature semblable, mais on ne précisait pas que le parti était à l'origine de l'appel. En faisant connaître leur désaccord avec la décision de la députée, les citoyens étaient automatiquement redirigés vers son bureau de circonscription, ce qui y a perturbé les activités.

Chantal Vallerand admet candidement que le parti a voulu corriger le tir après la campagne lancée contre la députée St-Denis. Cette fois, le parti précise d'entrée de jeu qu'il est à l'origine de l'appel. Et lorsqu'un citoyen appuie sur «1», il est redirigé vers un système de messagerie plutôt que vers le bureau du député Patry. Le parti acheminera ensuite les messages enregistrés au transfuge.

«Ça n'avait jamais été fait de façon intentionnelle la dernière fois, alors on apprend, a convenu Mme Vallerand. On a voulu le faire selon les règles de l'art, donc on s'identifie dès le début de l'appel, on donne un numéro pour que les gens puissent nous joindre directement et on donne une adresse postale.»