Lorsque le premier ministre Stephen Harper affirme que l'économie est sa priorité, il peut se tourner vers les dépenses consacrées à la publicité pour le prouver.

Les budgets de publicité du gouvernement conservateur vantant les succès économiques du pays ont en effet monté en flèche depuis le ralentissement économique mondial de 2008, selon une enquête de La Presse Canadienne.

Le plus récent blitz de publicités associées au «Plan d'action économique» qui ont envahi les ondes canadiennes lors du Super Bowl, dimanche, est venu de Ressources humaines et Développement des compétences Canada - l'un des ministères où le gouvernement Harper a investi les plus importantes sommes d'argent.

La moyenne annuelle de dépenses de publicité de Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) a grimpé de 72 pour cent lors des quatre années suivant la récession, comparativement aux cinq années précédentes.

Les dépenses du ministère des Finances ont augmenté de 58 pour cent tandis que les sommes que l'Agence du revenu du Canada a consacrées à la publicité ont presque triplé.

Ces chiffres, issus d'une analyse des dépenses annuelles de publicité de différents ministères de 2002-2003 à 2011-2012, ont été dévoilés la semaine dernière à la suite d'une requête du député néo-démocrate Mathieu Ravignat, porte-parole du NPD pour les dossiers relatifs au Conseil du Trésor.

En entrevue à La Presse Canadienne, M. Ravignat a reconnu que des dépenses de publicité du gouvernement sont «acceptables lorsqu'il est question d'un changement à un programme ou à un service, mais clairement, ce n'est pas ce qui se passe».

M. Ravignat a qualifié la hausse de ces dépenses «d'inappropriée» et de «peu respectueuse de l'argent des contribuables».

Que ces publicités fassent la promotion de nouveaux services ou programmes gouvernementaux n'est pas limpide, car elles portent sur la formation professionnelle et la promotion de vieux allègements fiscaux datant de la période précédant la récession.

Le thème commun est la prospérité économique.

«Pour vous, pour moi, pour nous tous, l'économie demeure notre fonction première», a lancé M. Harper aux députés et sénateurs la semaine dernière, alors que les caméras de télévision étaient actives à l'occasion du premier caucus conservateur de l'hiver au Parlement.

Son porte-parole, Andrew MacDougall, a expliqué que les publicités «visent à informer les Canadiens des occasions qui leur sont offertes et de s'assurer qu'ils obtiennent l'information dont ils ont besoin pour profiter des programmes gouvernementaux».

«Les publicités ont beaucoup porté sur l'économie, au cours des dernières années, à cause des impacts de la récession mondiale, mais ont aussi traité de dossiers comme la santé (le site internet Canadiens en santé, le virus H1N1), les Anciens combattants et les services aux nouveaux arrivants au Canada», a ajouté M. MacDougall dans un courriel.

Santé Canada et la Défense nationale ont régulièrement été deux des ministères ayant investi le plus d'argent en publicité et la moyenne de leurs dépenses annuelles, avant et après la récession de 2008, n'a pas beaucoup fluctué.

Le ministère des Anciens Combattants Canada a vu ses dépenses augmenter de virtuellement zéro à 2,5 millions $ en 2009-2010, un total surpassé lors de chacune des deux années suivantes.

Bien des porte-paroles tels M. Ravignat dénoncent depuis longtemps le côté partisan du «Plan d'action économique» du gouvernement, un nouveau sondage ne va pas nécessairement en ce sens.

Une enquête téléphonique Harris-Decima auprès d'un peu plus de 1000 répondants révèle que seulement sept pour cent sont d'avis que le gouvernement accomplit un excellent travail en matière d'économie, tandis que 30 pour cent croient qu'il fait du bon boulot.

Mais la majorité des répondants est moins impressionnée, alors que 43 pour cent estiment que le gouvernement accomplit une besogne moyenne au chapitre de l'économie et 17 pour cent pensent qu'il ne livre pas la marchandise.

Toutes ces campagnes publicitaires à connotation positive «donnent probablement l'impression aux Canadiens qu'ils sont tenus pour acquis», a déclaré M. Ravignat.

«Parce que, vraiment, les Canadiens sont au fait de leur situation économique, car ils ont été durement touchés à bien des niveaux. Et lorsqu'on leur dit que les choses vont bien dans le contexte actuel, c'est tout simplement faux.»