Thomas Mulcair se vante souvent de paraître plus conservateur que le premier ministre Stephen Harper.

C'est peut-être curieux pour le leader d'un parti social-démocrate, mais pour le chef du NPD, cela s'inscrit dans sa mission de prouver aux Canadiens que son parti n'en est pas un qui imposera des taxes de façon téméraire et dépensera sans compter.

Il soutient que cette description s'applique davantage aux conservateurs de Stephen Harper, qu'il accuse de ramasser une énorme dette environnementale, économique et sociale que les générations futures devront payer.

Dans un entretien de fin d'année avec La Presse Canadienne, M. Mulcair a dénoncé que selon lui, les conservateurs vivaient sur la carte de crédit de nos petits-enfants.

Il met toujours l'accent sur des questions traditionnelles du NPD: le développement durable et le besoin de réduire des inégalités sociales. Mais il les aborde dans un langage conservateur, arguant que l'équité requiert que la génération actuelle porte son propre poids.

Pour M. Mulcair, le problème est que les conservateurs ne suivent pas eux-mêmes ce thème. C'est le NPD, dit-il, qui doit leur rappeler d'être des administrateurs publics prudents, comme dans l'affaire des F-35.

Le vocabulaire de M. Mulcair reflète un calcul politique du NPD qui doit surmonter les doutes existants sur ses capacités de gestion économique s'il veut réaliser son rêve de former le gouvernement après les prochaines élections.

Pour M. Mulcair, le parti doit aller chercher des appuis au-delà de sa base traditionnelle d'électeurs.

«Si l'on veut former le gouvernement, on doit convaincre notre base que l'on peut livrer la marchandise sur les politiques et points de vue que l'on adopte depuis longtemps. Mais nous devons aussi faire comprendre aux Canadiens que nous avons confiance en notre capacité d'offrir une bonne administration publique compétente», a expliqué M. Mulcair, ajoutant que son parti allait demander aux Canadiens, aux prochaines élections, de faire quelque chose qu'ils n'avaient jamais fait, de confier l'administration publique et l'économie, très complexes, aux néo-démocrates.

À cette fin, M. Mulcair se concentre fortement sur les questions économiques depuis avoir pris la direction du NPD en mars dernier. Il estime qu'environ 60 pour cent de ses interventions lors de la période des questions ont porté sur l'économie et l'emploi.

Les conservateurs ont pour leur part accusé M. Mulcair d'être un socialiste typique opposé au monde des affaires et aux échanges commerciaux, et de vouloir imposer des taxes pour dépenser davantage.

Ils ont appuyé leurs arguments en soulevant sa position sur le rachat de Nexen par la société d'État chinoise CNOOC.

Mais M. Mulcair souligne qu'il n'a pas d'excuses à faire sur ce front, disant que la prudence était de mise dans ce type de transactions, surtout avec la Chine.

Au cours des derniers jours, les conservateurs ont également essayé d'attaquer M. Mulcair sur son tempérament coléreux. Mais M. Mulcair souligne que son parti ne se laissera pas intimider par des menaces.

Il a refusé de commenter les sondages indiquant qu'une victoire de Justin Trudeau dans la course à la direction des libéraux pourrait nuire au NPD, particulièrement au Québec.

Il a dit que les députés novices de son parti dans la province sont maintenant bien établis, et qu'il fera encore mieux aux prochaines élections.

De plus, M. Mulcair a fait valoir qu'il est le seul des leaders fédéraux qui a participé sur le terrain à la bataille contre les référendums de 1980 et de 1995.

«Personne aux Communes ne peut réclamer s'être battu aussi fort que moi au cours de ses référendums», a-t-il dit.