Justin Trudeau a présenté ses excuses aux Albertains hier après la rediffusion d'une entrevue accordée en 2010 à l'émission Les Francs-Tireurs, de Télé-Québec, dans laquelle il a soutenu que le Canada était mal géré en raison de la domination des politiciens de l'Alberta.

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De passage à Vancouver, le favori dans la course à la direction du Parti libéral du Canada a tenté de calmer la tempête provoquée par la rediffusion de ses propos sur le réseau Sun TV, jeudi, à quelques jours des élections partielles dans Calgary-Centre, en Alberta, Victoria, en Colombie-Britannique, et Durham, en Ontario.

Le candidat libéral Harvey Locke talonnait la candidate conservatrice Joan Crockatt dans la circonscription de Calgary-Centre selon plusieurs sondages, ce qui donnait espoir aux libéraux de faire une percée historique dans cette région qui leur a été historiquement hostile.

Mais la controverse qui fait rage depuis que les propos de M. Trudeau ont été dépoussiérés pourrait maintenant assurer la victoire à Mme Crockatt. Cette gaffe de M. Trudeau a été révélée 24 heures après qu'un autre député libéral, David McGuinty, eut tenu des propos anti-albertains à Ottawa et eut été contraint de s'excuser.

Un sondage réalisé par la firme RIO auprès de 401 personnes dans cette circonscription cette semaine accordait 37 % des intentions de vote à Mme Crockatt, 32 % à M. Locke et 17 % au candidat du Parti vert, Chris Turner. Le candidat du Nouveau Parti démocratique, Dan Meades, n'obtenait que 12 %.

«J'ai fait une erreur et je m'excuse d'avoir associé le gouvernement de M. Harper à une région particulière», a affirmé M. Trudeau au cours d'un point de presse hier à Vancouver.

«Je reviens de l'Alberta et les gens sont ouverts et progressistes, beaucoup plus que ce que l'on voit de ce gouvernement. Je regrette que M. Harper ait voulu utiliser ces propos pour encore une fois diviser le Canada», a ajouté le député de la circonscription de Papineau.

Des propos durs

Dans l'entrevue accordée à Patrick Lagacé, M. Trudeau n'avait pas mâché ses mots. «Le Canada fait dur en ce moment parce que c'est des Albertains qui contrôlent notre agenda communautaire et sociodémocratique. Ça ne marche pas!»

M. Trudeau cherchait à illustrer l'importance pour les Québécois de s'engager dans les affaires fédérales.

«Est-ce que le Canada est mieux servi quand il y a plus de Québécois au pouvoir que lorsqu'il y a plus d'Albertains au pouvoir?», lui a demandé l'animateur.

«Je suis libéral, alors c'est sûr que je pense que oui, a répondu M. Trudeau. Certainement, quand on regarde les grands premiers ministres du XXe siècle, les seuls qui ont vraiment tenu le coup, c'étaient des députés du Québec. On a un rôle. Ce pays, le Canada, est à nous.»

Malgré les excuses de M. Trudeau, les conservateurs ont continué d'attaquer le Parti libéral. «Le fait demeure que cette attitude d'arrogance est profondément enracinée au sein du Parti libéral, il l'a d'ailleurs démontré à plusieurs reprises cette semaine. Ça nous rappelle pourquoi les Canadiens de toutes les régions du pays ont rejeté ce parti au cours des dernières élections», a affirmé Carl Vallée, porte-parole du bureau du premier ministre Stephen Harper.

Des explications en comité

Un député conservateur de l'Alberta, Blaine Calkins, a même déposé une motion au comité permanent des ressources naturelles pour qu'il tienne des audiences sur les avantages économiques que procure le secteur de l'énergie de l'Alberta au pays. Il demande aussi que les députés Justin Trudeau et David McGuinty soient convoqués comme témoins pour s'expliquer.