Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, usera de son pouvoir discrétionnaire pour permettre à 150 personnes qui s'étaient fait délivrer un visa par erreur d'immigrer quand même au Canada.

La Presse a rapporté mercredi matin que le ministère de l'Immigration tentait d'avertir en catastrophe une «poignée» de personnes ayant reçu leur confirmation de résidence permanente de ne pas venir au pays parce que cette confirmation n'était pas valide.

Une famille marocaine a même appris la mauvaise nouvelle en arrivant à l'aéroport de Montréal. L'homme et la femme, parents de deux petits garçons, avaient vendu tout ce qu'ils possédaient au Maroc et laissé leurs emplois pour venir s'installer au Canada.

Dans un point de presse improvisé au parlement mercredi après-midi, le ministre Kenney a révélé que le nombre de ces erreurs s'élevait à environ 150. Il les a attribuées à un problème informatique. Il a indiqué que, malgré cette erreur, il permettrait aux personnes visées d'immigrer au Canada.

Ces personnes s'étaient inscrites au programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral. En juillet, le gouvernement Harper a adopté une loi abolissant un important arriéré de demandes de longue date. L'argument présenté par Immigration Canada aux personnes admises «par inadvertance» était que leur demande avait été abolie rétroactivement, et donc qu'elle n'aurait pas dû être traitée - encore moins acceptée.

«Je suis très heureuse, a déclaré Rachida Iblihi, la mère marocaine qui attendait dans l'angoisse, à Montréal, la décision du gouvernement canadien. Je remercie le ministre.»

Sa famille et elle avaient attendu cinq ans avant d'obtenir une réponse positive du Canada à leur demande de résidence permanente. Elle souhaite maintenant commencer à construire sa vie dans son pays d'adoption. Mme Iblihi est technicienne en chimie industrielle.

La députée du NPD Sadia Groguhé, s'est dite soulagée de ce dénouement et a dit espérer que le ministre s'assurera dans l'avenir qu'une telle situation ne se reproduise plus. «J'aimerais (...) l'amener à réfléchir sur les conséquences très graves de l'adoption à toute vitesse de lois sous le bâillon», a-t-elle déclaré dans un courriel transmis par un adjoint.

«Toute cette histoire ne serait pas survenue s'il avait laissé les députés faire leur travail lors de l'étude du projet de loi C-38. J'espère que M. Kenney a appris sa leçon.»