Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, abordera la question du Québec avec le gouvernement français au cours d'une visite officielle qui s'amorce mercredi à Paris. Ce séjour survient quelques jours à peine avant une visite officielle de Pauline Marois dans la capitale française.

Le chef de la diplomatie canadienne et son vis-à-vis français, Laurent Fabius, se sont rencontrés plusieurs fois dans des forums internationaux, mais ce sera leur premier tête-à-tête officiel. Il s'agit d'ailleurs de la première visite bilatérale de M. Baird en France depuis qu'il occupe ses fonctions.

La visite, qui durera jusqu'à vendredi, survient un peu plus d'un mois après l'élection du Parti québécois à l'Assemblée nationale, et quelques jours avant le premier face-à-face entre Stephen Harper et Pauline Marois, au sommet de la Francophonie à Kinshasa, au Congo.

Au terme de ce sommet, Mme Marois prendra à son tour le chemin de Paris pour une visite officielle qui s'étendra de lundi à mercredi prochains.

Les échanges entre M. Baird et M. Fabius porteront essentiellement sur des enjeux internationaux touchant les deux pays, indique-t-on au bureau du ministre. On cite en exemple le conflit en Syrie, devant lequel la France et le Canada ont condamné résolument le régime de Bachar al-Assad.

«Le Canada et la France sont des alliés naturels dans ces dossiers en raison de notre héritage commun et des valeurs que nous partageons», a souligné l'attaché de presse du ministre Baird, Rick Roth.

La négociation d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne et la crise qui sévit au Mali feront aussi partie des discussions. M. Baird compte également aborder des enjeux européens tels que la réforme fiscale et le commerce.

Or, selon une source, la question du Québec fera aussi partie des discussions.

Sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, dans les années 70, la France a adopté la politique de la «non-ingérence, non-indifférence», une doctrine qui visait à assurer la neutralité de l'Hexagone devant un éventuel référendum sur l'indépendance tout en assurant une forme de soutien aux Québécois s'ils décident de quitter le Canada.

L'ancien président Nicolas Sarkozy avait rompu avec cette approche, en dénonçant ce qu'il qualifiait de «besoin de division» et d'«enfermement sur soi-même» du mouvement souverainiste.

On s'attend à ce que le président socialiste François Hollande renoue avec la politique du «ni-ni». C'est ce que souhaite le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée.

«Ça ferait en sorte que la position qui a été développée sous le gouvernement de M. Sarkozy aura été en quelque sorte un pas de côté avec, espérons-le, un retour à la ligne traditionnelle», a résumé sa porte-parole, Christine Fréchette.

Grande-Bretagne

Au cours des derniers mois, le gouvernement Harper a adopté plusieurs mesures pour resserrer les liens entre le Canada et la Grande-Bretagne. Des portraits de la reine Élisabeth II ont été accrochés dans les ambassades du Canada, et Ottawa a récemment annoncé que certaines ambassades seraient désormais partagées avec les alliés britanniques.

Le Nouveau Parti démocratique n'a pas manqué de dénoncer cette tendance. Mais il reste prudent devant la manière dont Ottawa doit jauger la question québécoise dans ses rapports avec Paris.

«En voulant fusionner les services consulaires avec la Grande-Bretagne, les conservateurs ont envoyé un mauvais signal au reste du monde, a indiqué Karl Bélanger, porte-parole du chef Thomas Mulcair. M. Baird doit réparer les pots cassés. La France est un allié important du Canada et, à ce titre, nous continuons d'apprécier l'intérêt des Français envers le Canada et le respect qu'ils savent démontrer concernant les affaires intérieures du pays.»