Après avoir offert la veille une nouvelle défense ardente d'Israël et de nouveau virulemment condamné l'Iran, le premier ministre Stephen Harper a rencontré vendredi son homologue israélien pour discuter «des dangers que représente ultimement pour nous tous le régime iranien».

M. Harper et Benyamin Nétanyahou se sont rencontrés dans une petite chambre d'hôtel au coeur de Manhattan pour discuter du dossier iranien, après que le dirigeant israélien ait demandé à la communauté internationale de «tracer une ligne» rouge pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.

«Notre pays ne s'est jamais gêné pour prévenir le monde du danger que le régime iranien représente ultimement pour nous tous, a dit M. Harper aux journalistes avant la rencontre privée d'une trentaine de minutes entre les deux hommes. Nous désirons une résolution pacifique et nous collaborons étroitement avec nos alliés pour informer le monde du danger que cela représente et de la nécessité d'y faire face.»

M. Nétanyahou a de son côté vanté la récente décision d'Ottawa de fermer son ambassade à Téhéran.

«Je pense que ce que vous avez fait, de rompre vos liens avec l'Iran, était non seulement une démonstration de sens politique, mais aussi de clarté morale», a-t-il dit au premier ministre.

Il a ensuite lancé aux médias canadiens: «C'est un grand champion de la liberté et un grand ami d'Israël.»

Assis devant un décor de drapeaux du Canada et des Nations unies, M. Nétanyahou a aussi répété ce qu'il avait lancé jeudi à l'Assemblée générale des Nations unies: la planète doit mettre en pratique les efforts déployés pour empêcher l'Iran d'enrichir suffisamment d'uranium pour assembler une arme nucléaire.

«Et ça implique de tracer des lignes rouges concernant le processus d'enrichissement. C'est la seule partie visible et vulnérable de leur programme nucléaire. Si de telles lignes rouges sont tracées, je crois que l'Iran fera marche arrière», a lancé le leader israélien.

Jeudi, M. Harper a écorché au passage l'Organisation des Nations unies et s'en est pris à l'Iran alors qu'il recevait un prix d'«Homme d'État de l'année», alléguant que l'organisme international a trop souvent fait la part belle aux dictateurs, malgré leur bilan catastrophique en matière de droits de la personne.

Les Canadiens s'attendent à ce que leurs responsables gouvernementaux décident de prendre des décisions «dans le meilleur intérêt de l'humanité», a déclaré M. Harper lors d'une réception au chic hôtel Waldorf Astoria, après avoir reçu son prix de la Foundation Appeal of Conscience. Courtiser tous les dictateurs disposant d'un droit de vote aux Nations unies ou accepter tous les consensus internationaux, même si ceux-ci vont dans la mauvaise direction ne correspond pas à cette mission, a fait valoir le premier ministre canadien.

Cette déclaration sévère envers les Nations unies survient alors que le premier ministre a été critiqué en sol canadien pour ne pas avoir assisté à l'Assemblée générale des Nations unies.

Les partis d'opposition ont vertement critiqué la décision prise par Stephen Harper de ne pas profiter de la tribune de l'Assemblée générale. C'est le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, qui parlera au nom du gouvernement canadien à l'ONU.

Des centaines de leaders mondiaux étaient rassemblés à quelques pâtés de maison seulement des bureaux de la Fondation pour discuter des plus importants problèmes actuels, y compris la situation en Syrie, les tensions israélo-iraniennes et l'éruption de violences anti-américaines dans le monde arabe.