Le député conservateur Stephen Woodworth compare les lois du Canada qui privent le foetus du statut d'être humain aux lois discriminatoires de l'Allemagne nazie et au régime esclavagiste des États-Unis.

Le parrain de la motion 312, très controversée, a prononcé un vibrant plaidoyer lundi en faveur de son initiative, qui, il le reconnaît, pourrait bien être défaite dès la semaine prochaine.

La motion 312 vise à créer un comité parlementaire pour étudier la définition d'être humain dans le Code criminel du Canada. Elle sera débattue vendredi après-midi à la Chambre des communes et doit passer aux voix le mercredi 26 septembre.

«À ce stade-ci, je ne crois pas que j'arriverai proche de l'exigence de 50 % pour faire adopter cette motion, a reconnu le député ontarien. Mais je veux continuer à rencontrer des députés et à les convaincre.»

«Je sais que la position du premier ministre a limité le soutien que j'aurais pu recevoir de certaines personnes», a-t-il dit en parlant de ses collègues conservateurs.

Le premier ministre Harper a déjà annoncé qu'il voterait contre cette motion. Il a promis en campagne électorale qu'il ne rouvrirait pas le débat sur l'avortement.

Comme l'esclavage

En conférence de presse lundi, M. Woodworth a tenté de rallier ses collègues et la population à sa cause.

L'article 223(1) du Code criminel du Canada «déshumanise et exclut une classe entière de personnes», a-t-il dénoncé.

Cet article dit qu'un enfant «devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu'il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère».

Selon le député, le foetus est bel et bien un être humain, et l'article 223 (1) est une atteinte «aux principes des droits universels de la personne».

«Si nous faisions cela aujourd'hui aux Afro-Américains, comme au XIXe siècle aux États-Unis [...], ou aux personnes qui ont des problèmes mentaux, comme en Allemagne dans les années 30, vous seriez scandalisés. Et l'article 223(1) n'est pas moins scandaleux», a lancé M. Woodworth.

«Si nous avions une loi qui déshumanisait et excluait n'importe quelle classe de personne autre que les enfants avant la naissance, tout le monde reconnaîtrait immédiatement à quel point c'est scandaleux», a-t-il renchéri.

«Personne n'est en sécurité si des lois comme celle-ci sont considérées comme légitimes.»